L'utilisation
combinée de deux vaccins anti-polio paraît être la clé pour parvenir à
éradiquer cette infection qui menace encore la population mondiale, selon les
résultats d'un essai clinique jugé essentiel pour mieux comprendre les effets
protecteurs optimum.
Cette
étude clinique publiée jeudi dans la revue américaine Science, a été menée en
Inde auprès de plusieurs centaines d'enfants et de nouveaux-nés. Elle a montré
que le fait d'administrer le vaccin de Salk (IPV) à des enfants ayant déjà eu
plusieurs doses du vaccin oral de Sabin (OPV) conférait une immunité plus
importante.
Cette
recherche confirme les résultats d'une autre étude faite aussi en Inde parue en
ligne en juillet dans le journal médical britannique The Lancet.
L'IPV,
qui contient un virus mort, est administré par injection tandis que l'OPV,
confectionné avec un poliovirus vivant mais affaibli, est administré oralement.
"Ces
essais cliniques ont révolutionné notre compréhension de l'IPV et la manière de
l'utiliser dans nos efforts d'éradication mondiale de la polio en assurant que
les enfants bénéficieront de la meilleure protection et ce le plus rapidement
contre cette maladie", souligne Bruce Aylward, directeur général adjoint
pour la polio de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Le
vaccin IPV doit être utilisé pour accélérer l'éradication du virus dans les
populations avec un accès limité à la vaccination", relève le chercheur
Hamid Jafari, un autre responsable de l'OMS et principal auteur de cette
dernière étude clinique.
Depuis la
mise au point des deux vaccins anti-polio dans les années 1950, les tentatives
d'élimination de cette infection pouvant entraîner une paralysie définitive et
la mort reposaient surtout sur l'OPV.
Ce
vaccin oral, qui induit une immunité plus importante des muqueuses
intestinales, est facile à administrer et coûte nettement moins cher que l'IPV
donné seulement par injection, expliquent ces experts.
Mais
l'immunité des muqueuses qu'il confère et par lesquelles se transmet le virus
par de l'eau ou des aliments contaminés, diminue rapidement, ce qui nécessite
plusieurs doses.
Cela
complique les campagnes de vaccination dans des zones reculées ou en guerre
comme en Afghanistan, au Nigeria et au Pakistan, les trois seuls pays où
l'infection est endémique. En outre, le vaccin OPV n'empêche pas la survie du
virus dans les selles posant un risque de dissémination.
L'essai
clinique en Inde a montré que les enfants qui avaient reçu l'IPV avaient moins
de poliovirus dans leurs selles ce qui réduit le risque de propagation, un
facteur essentiel pour éradiquer le virus.
Et une
seconde dose de ce vaccin a induit une immunité de la muqueuse intestinale plus
forte chez les enfants ayant déjà reçu deux doses du vaccin OPV.
Etant
donné le risque d'épidémie présenté par le vaccin OPV, il faudra cesser de
l'utiliser lorsque l'éradication sera proche, expliquent ces scientifiques.
Dans cette perspective, l'OMS a lancé un appel à tous les pays pour qu'ils
aient recours au moins à une dose d'IPV dans leurs campagnes d'immunisation
d'ici fin 2015.
Mais,
pour le moment, "les deux vaccins se complètent et devraient être utilisés
pour briser les dernières chaînes de transmission du virus et parvenir à un
monde sans polio plus rapidement", insiste Roland Sutter, coordinateur de
la recherche à l'OMS.
En 2012,
seuls 223 cas de polio avaient été recensés contre encore 360.000 en 1988 quand
l'ONU a lancé une campagne pour éliminer la maladie. Sur ces 223 cas, tous sauf
six étaient au Nigeria (122), au Pakistan (58) et en Afghanistan (37).
L'effort
d'éradication mondiale de la polio risque d'être compromis à cause de ces
derniers bastions du virus, car il pourrait de nouveau s'étendre à des pays
sans polio mais fragilisés par des systèmes de santé défaillants ou touchés par
un conflit, mettent en garde ces experts.
Source : sante-medecine
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