Un composé produit par des bactéries serait efficace
contre des souches de la tuberculose résistantes aux antibiotiques.
La tuberculose tue aujourd’hui près de deux millions
de personnes dans le monde chaque année. De nombreux médicaments existent, mais
des souches résistantes de la bactérie sont apparues ces dernières années,
contre lesquelles les traitements sont inopérants. Afin de trouver une parade,
les chercheurs étudient de nouveaux antibiotiques, produits par des bactéries.
L’équipe de Stewart Cole, à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, vient
ainsi de montrer que la pyridomycine, produite par la bactérie Dactylosporangium
fulvum, est active même contre certaines souches résistantes de la tuberculose.
En 1953, la pyridomycine a été décrite comme un
antibiotique efficace contre les mycobactéries, dont fait partie le bacille de
la tuberculose. Mais la découverte à l’époque d’autres molécules très
efficaces, tel l’isoniazide, ont conduit les chercheurs à négliger la piste de
la pyridomycine. L’apparition récente de souches de bactéries de tuberculose
résistantes à l’isoniazide et à d’autres antibiotiques a incité S. Cole et ses
collègues à réexaminer l’action de la pyridomycine et les mécanismes qui neutralisent
Mycobacterium tuberculosis, le bacille à l’origine de la maladie.
L’équipe de S. Cole a commencé par déterminer la
cible de la pyridomycine. Différentes souches mutées de M. tuberculosis ont été
mises en présence de pyridomycine pour identifier celles qui y sont
résistantes. En procédant ainsi, les chercheurs ont mis en évidence que la
pyridomycine agit sur l’enzyme InhA (une réductase). Cette enzyme joue un rôle
important dans la synthèse d’acides mycoliques, des cires présentes dans la
paroi des mycobactéries. Ces acides n’étant pas synthétisés par l’homme, un
antibiotique ciblant spécifiquement l’enzyme InhA chez M. tuberculosis ne
devrait avoir que peu d’effets secondaires. En l’occurrence, InhA était déjà la
cible du traitement à base d’isoniazide.
L’étude montre par ailleurs que la pyridomycine est
active contre certaines souches de tuberculose résistantes à l’isoniazide. Cela
s’explique par son mode d’action qui différe de celui de l'isoniazide. Ce
dernier nécessite d’être activé par une enzyme de M. tuberculosis pour agir
contre la bactérie. Les cas où l’isoniazide est inefficace correspondent à des
altérations du processus d’activation. La pyridomycine agit selon un processus
plus direct, sans activation, ce qui la rend plus performante. Une analyse
cristallographique aux rayons X a montré que la pyridomycine modifie de façon
importante la conformation de l’enzyme InhA, ce qui inhibe la synthèse des
acides mycoliques.
Cette étude ouvre donc une piste prometteuse pour
développer un antibiotique efficace contre une maladie qui présente de plus en
plus de résistances aux traitements à base d’isoniazide. De plus, la
pyridomycine pourrait être efficace contre d'autres mycobactéries, comme celle
de la lèpre.
Source: Pour la science.
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