jeudi 11 octobre 2012

Un antibiotique naturel contre la tuberculose



Un composé produit par des bactéries serait efficace contre des souches de la tuberculose résistantes aux antibiotiques.

La tuberculose tue aujourd’hui près de deux millions de personnes dans le monde chaque année. De nombreux médicaments existent, mais des souches résistantes de la bactérie sont apparues ces dernières années, contre lesquelles les traitements sont inopérants. Afin de trouver une parade, les chercheurs étudient de nouveaux antibiotiques, produits par des bactéries. L’équipe de Stewart Cole, à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, vient ainsi de montrer que la pyridomycine, produite par la bactérie Dactylosporangium fulvum, est active même contre certaines souches résistantes de la tuberculose.



En 1953, la pyridomycine a été décrite comme un antibiotique efficace contre les mycobactéries, dont fait partie le bacille de la tuberculose. Mais la découverte à l’époque d’autres molécules très efficaces, tel l’isoniazide, ont conduit les chercheurs à négliger la piste de la pyridomycine. L’apparition récente de souches de bactéries de tuberculose résistantes à l’isoniazide et à d’autres antibiotiques a incité S. Cole et ses collègues à réexaminer l’action de la pyridomycine et les mécanismes qui neutralisent Mycobacterium tuberculosis, le bacille à l’origine de la maladie.

L’équipe de S. Cole a commencé par déterminer la cible de la pyridomycine. Différentes souches mutées de M. tuberculosis ont été mises en présence de pyridomycine pour identifier celles qui y sont résistantes. En procédant ainsi, les chercheurs ont mis en évidence que la pyridomycine agit sur l’enzyme InhA (une réductase). Cette enzyme joue un rôle important dans la synthèse d’acides mycoliques, des cires présentes dans la paroi des mycobactéries. Ces acides n’étant pas synthétisés par l’homme, un antibiotique ciblant spécifiquement l’enzyme InhA chez M. tuberculosis ne devrait avoir que peu d’effets secondaires. En l’occurrence, InhA était déjà la cible du traitement à base d’isoniazide.

L’étude montre par ailleurs que la pyridomycine est active contre certaines souches de tuberculose résistantes à l’isoniazide. Cela s’explique par son mode d’action qui différe de celui de l'isoniazide. Ce dernier nécessite d’être activé par une enzyme de M. tuberculosis pour agir contre la bactérie. Les cas où l’isoniazide est inefficace correspondent à des altérations du processus d’activation. La pyridomycine agit selon un processus plus direct, sans activation, ce qui la rend plus performante. Une analyse cristallographique aux rayons X a montré que la pyridomycine modifie de façon importante la conformation de l’enzyme InhA, ce qui inhibe la synthèse des acides mycoliques.

Cette étude ouvre donc une piste prometteuse pour développer un antibiotique efficace contre une maladie qui présente de plus en plus de résistances aux traitements à base d’isoniazide. De plus, la pyridomycine pourrait être efficace contre d'autres mycobactéries, comme celle de la lèpre.

Source:  Pour la science.

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