Des chercheurs français viennent
d’annoncer que les personnes âgées ayant déjà subi une opération sous
anesthésie générale auraient, peut-être, plus de risques de développer une
démence. Le lien de cause à effet n’a pas été démontré pour le moment, et des recherches
complémentaires sont nécessaires.
Un sommeil de mauvaise qualité est probablement un
signe précoce de la maladie d'Alzheimer. Telles étaient les conclusions d’une
étude parue en mars dernier dans JAMA Neurology. Mais forcer les gens à
s’endormir n’arrangerait rien non plus… Des chercheurs français viennent
d’annoncer, lors du congrès de la Société européenne d’anesthésiologie
(Barcelone) que les personnes âgées ayant été opérées sous anesthésie générale
pourraient être plus à risques de démence.
François Sztark, anesthésiste-réanimateur et
Catherine Helmer, de l’université de Bordeaux, ont présenté à la tribune leur
récente découverte, basée sur la cohorte de l’Étude des trois cités, regroupant
plus de 9.200 personnes âgées de plus de 65 ans et suivies pendant 10 ans. Ce
travail montre que parmi les sujets qui ont subi une anesthésie générale lors
d’une opération, 37 % ont développé une démence, contre 32 % dans l’autre
groupe.
Il faut rester prudent sur l’interprétation de ces
résultats, tout comme le font les auteurs. Il s’agit simplement d’une
association entre les deux événements, et non d’un lien de cause à effet. Du
moins, cette recherche ne le démontre pas.
L’anesthésie générale, une cause
d’inflammation des neurones ?
Bien que la médecine anesthésique ait fait de
nombreux progrès ces dernières années, l’acte en lui-même n’est pas exempt de
risques. Les seniors, du fait de leur âge avancé, constituent une population
plus encline à connaître des complications lors d’une anesthésie générale.
Parmi celles-ci donc, d’éventuelles conséquences sur le cerveau, si des études
ultérieures venaient à le confirmer.
L’hypothèse n’a rien d’absurde. Déjà, fin mars, le
journal Progress in Neuro-Psychopharmacology & Biological Psychiatry
publiait une recherche dans laquelle des chercheurs québécois montraient chez
des souris que l’anesthésie générale provoquait un enchevêtrement dans les
neurones, un des signes de la maladie d’Alzheimer, principale cause de démence
dans le monde.
Rien ne permet d’affirmer que ces mêmes effets se
vérifient chez l’Homme, mais l’hypothèse est envisagée. Les auteurs estiment
également que certains produits anesthésiants pourraient entraîner une
inflammation des neurones, propice à la formation des plaques amyloïdes,
caractéristiques de la maladie neurodégénérative.
Mieux informer le patient, limiter les
risques de démence
Une telle étude pourrait amener à repenser les
pratiques médicales, que ce soit au niveau des professionnels de santé mais
aussi des institutions. Les médecins semblent déjà concernés par le problème et
tentent le plus possible d’adapter leurs pratiques.
Mais il est également essentiel d’agir au niveau du
patient, puisque celui-ci joue un rôle actif dans le choix de l’anesthésie. En
général, il opte pour un endormissement généralisé, alors qu’une anesthésie
locale, possiblement moins nocive pour le cerveau, pourrait suffire. L’informer
des risques encourus pourrait l’inciter à revoir ses positions.
L’heure est donc à la vigilance et au questionnement
: le lien de causalité est-il réel ou est-ce simplement une conséquence annexe
? Car les associations constatées ne soulignent pas systématiquement un rapport
direct entre les événements. Par exemple, on peut probablement considérer que
le risque de mortalité augmente avec la proportion de cheveux blancs, pourtant,
ce n’est pas en soi la dépigmentation capillaire qui influe sur la survie, mais
plutôt le processus de vieillissement qui affecte simultanément les deux
paramètres.
Source: Futura sciences.
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