Apogée de la révolution industrielle, l'époque
victorienne a marqué, à la fin du 19ème siècle, et par nécessité, une explosion
de l'innovation et du génie. Qu’en est-il de l’intelligence, aujourd’hui, dans
nos sociétés occidentales, avec des modes de vie en moyenne plus confortables
et une fécondité plus élevée chez les moins favorisés? Cette étude provocatrice
de l'Université d'Amsterdam suggère ainsi une tendance à la baisse des Q.I. et
de la créativité. Elle fait sa démonstration à partir du temps de réaction
visuelle, estimé à 194 millisecondes au 19è siècle et à 275 millisecondes dans
les années 2000…
En gros, nous autres occidentaux, aurions perdu
l’équivalent de 14 points de Q.I. en un peu plus d’un siècle.
Le Dr Jan te Nijenhuis, professeur de psychologie à
l'Université d'Amsterdam est parti de l’hypothèse que le temps de réaction est
fortement corrélé avec l'intelligence générale et peut être considéré comme une
mesure significative des capacités cognitives. Son équipe a donc effectué une méta-analyse
de 14 études menées de 1884 et 2004 dans des pays occidentaux. Chaque étude
avait évalué le temps de réaction de ses participants à partir d’un stimulus
visuel, avec un dispositif particulier, le chronoscope de Hipp, permettant de
mesurer le temps avec une précision de 1/1000è de seconde.
Sur la base des données recueillies, les chercheurs
ont estimé la véritable corrélation entre le temps de réaction simple et le
niveau d’intelligence. Ils constatent qu’à la fin du 19e siècle, les temps de
réaction visuelle se situaient autour de 194 millisecondes et, en 2004, autour
de 275 millisecondes. Ils aboutissent ainsi à une baisse de 1,23 point de Q.I.
par décennie soit 14 points de Q.I. en un peu plus d’un siècle. Ils concluent
ainsi qu’au 19ème siècle, le niveau d’intelligence était bien plus élevé
qu’aujourd’hui et expliquent cette baisse par le phénomène de fécondité
dysgénique.
L’idée de fécondité dysgénique : Une proportion plus
importante de femmes éduquées et intelligentes vont choisir de ne pas avoir
d’enfant ou peu d’enfants, afin de favoriser leur carrière professionnelle et
préserver un mode de vie le plus aisé possible. Les femmes à moindre niveau
d’études et d’intelligence vont mettre au monde un plus grand nombre d’enfants,
eux-mêmes en moyenne moins dotés etc...Les progrès médicaux et sociaux vont
donc favoriser ce profil de reproduction. Si ce concept est certainement
discutable, plusieurs études ont défendu cette association négative entre Q.I.
et fertilité.
Ce résultat a été contredit par plusieurs études et
l'augmentation du Q.I. durant ces derniers siècles porte même un nom, celui de
l’effet Flynn, reconnu par l’American Psychological Association. Le chercheur
démontre qu’alors que les tests de Q.I. sont régulièrement réactualisés, en
comparant les scores des mêmes sujets sur deux versions consécutives que le
Q.I. moyen augmente au fil du temps (et de 3 points par exemple sur le test
WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children), dans tous les pays
industrialisés modernes et de manière continue depuis les années 1930. Il
attribue cette progression à des facteurs environnementaux (progrès médicaux,
accès élargi à l’éducation et à l’information, meilleure pédagogie, qualité de
l’alimentation…).
Que conclure alors ? Y-a-t-il seulement une mesure
fiable de l’intelligence ? Alors que certaines études marquent la difficulté de
consolider en un chiffre unique les multiples capacités cognitives qui la
composent, comme la mémoire de court terme, le raisonnement et la capacité
d’expression, il paraît hasardeux de tirer de telles conclusions à partir d’un
temps de réaction visuelle.
Source: Intelligence 7 May 2013.
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