Pourquoi il ne faut pas signer la pétition du Pr Joyeux ? Depuis quelques temps, une pétition diffusée par le Pr Joyeux crée le doute et l’inquiétude chez les parents. Voyons de plus près si ce « bruit médiatique » est justifié.
Le Pr Joyeux est chirurgien et cancérologue. Je suis toujours surpris par ces professeurs qui cherchent à faire un « buzz » à la fin de leur carrière, même si c’est en répandant sans vergogne des inepties et des contre-vérités. Dans son message, le Pr Joyeux utilise tous les moyens de communication pour enrôler les gens : l'amalgame, la peur, la répétition, la théorie du complot avec danger pour la démocratie, l'appel à des témoignages pour sensibiliser... Bref, cela ressemble beaucoup plus à de la propagande qu’à un message scientifique. Internet fourmille de propos de ce genre : ce n'est pas parce qu'on retrouve deux choses associées que cela veut dire que l'une a provoqué l'autre. Beaucoup de cancéreux ont possédé une voiture française dans leur vie : cela ne veut pas dire que les voitures françaises provoquent le cancer.
Le vaccin DTP (Diphtérie-Tétanos-Polio) n'est plus produit
depuis 2008 en raison de sa pureté imparfaite et du nombre important de
manifestations allergiques : ce n’est donc pas nouveau. Actuellement, il y a
pénurie des vaccins Tetra (Diphtérie-Tétanos-Polio-Coqueluche) et Penta (Tétra
+ Hémophilus influenzae de type B) : cela est en rapport avec une augmentation
de la demande mondiale en vaccin anti-coqueluche, car de nombreux pays ont
changé leur politique de vaccination contre la coqueluche pour mieux protéger
les très jeunes nourrissons pas encore vaccinés. Alors, il est vrai, il ne
reste plus que l’Hexavalent ((Diphtérie-Tétanos-Polio-Coqueluche-Hémophilus
influenzae de type B-Hépatite B). Certes, il est regrettable qu'il y ait des
ruptures de stock, mais il faut savoir qu'il faut plusieurs mois pour fabriquer
des souches de vaccins. S'il y a un défaut de fabrication par exemple, il faut
tout détruire et tout recommencer : cela peut prendre beaucoup de temps.
Quant à l'argument du prix, peut-être y a-t-il abus, mais ce n'est pas sûr. Le DTP était un vaccin très ancien et très fruste, fabriqué à une période où la technologie était moins performante et moins exigeante. Les vaccins actuels protègent jusqu’à six maladies au lieu de trois. Ils ont des antigènes beaucoup plus purifiés et plus efficaces ; certains germes sont même fractionnés afin d'en garder seulement la partie vitale tout en éliminant la partie infectante. Ces progrès ont permis d’observer de moins en moins de réactions aux vaccins par rapport à autrefois.
Le vaccin contre l'hépatite B a été accusé d'être neurotoxique : certes, il y a
des réactions décrites chez les jeunes adultes qui n'ont pas été vraiment bien
éclaircies, ni comprises. Mais, sur des millions de vaccinations, il n'a jamais
été fait la preuve qu'elles étaient en rapport avec le vaccin (voir plus haut :
association ne signifie pas causalité). Chez le tout-petit, il n'a jamais été
suspecté quoi que ce soit. C'est pour cela qu'on préfère vacciner le nourrisson
alors que l'hépatite B n'est pas encore son problème : il y a plus de risque «
supposé » à faire le vaccin chez le jeune adulte. Par ailleurs, l'argument que
six valences seraient trop pour le système immunitaire du nourrisson est
totalement de mauvaise foi : dans une seule journée, dès la naissance, donc
chez un être humain vierge, le système immunitaire est sollicité des milliers
de fois. Rien que pour l'installation de la flore intestinale, le bébé doit
faire la sélection, parmi un milliard de germes qui l’envahissent, entre les
bons et les mauvais. Je pense que Mr Joyeux est déformé par sa pratique de la
cancérologie : il s'occupait de malades en plein déficit immunitaire en raison
de leurs traitements. Ce n'est pas le cas d'un bébé bien portant.
A propos des adjuvants inclus dans les vaccins, quelques
éléments sont à éclaircir :
• L’adjuvant augmente le signalement d’un antigène au système immunitaire pour que celui-ci fabrique plus d’anticorps. Cela permet de réduire la quantité d’antigènes vaccinaux et le nombre d’injections nécessaires
• Les sels d’aluminium permettent de prolonger la persistance de l’antigène au niveau du site d’injection, augmentant ainsi la réaction immunitaire (et donc l’efficacité du vaccin)
• La plupart de ces adjuvants ont été élaborés depuis les années 1920 avec des sels d’aluminium. Leur utilisation, très large depuis plus de 90 ans, a montré leur excellente tolérance. Par ailleurs, on a bien trouvé d’autres adjuvants, mais ils sont moins efficaces.
• Au niveau du point d’injection des vaccins contenant des sels d’aluminium, il a été décrit, dès 1982, des liaisons histologiques localisées : cette entité histologique a été nommée « Myofasciite à macrophages » (MFM). La revue de la littérature ne permet pas de conclure que la MFM est associée à une ou plusieurs manifestations cliniques. Certaines lésions de MFM ont même été retrouvées sans qu’il y ait de l’aluminium.
• La MFM est une particularité française : de très nombreux patients ont été identifiés en France (par la même équipe), alors que les cas sont très rares et isolés dans les autres pays. En fait, les études de l’équipe française ne résistent pas à une analyse rigoureuse montrant à quel point elles sont entachées de biais importants : malades très disparates, critères d’inclusion mal précisés et parfois même pas de groupes de contrôle, signes cliniques qui varient selon les études, un traitement intéressant dans les 1ères études puis oublié par la suite...
• Les nourrissons étant beaucoup vaccinés dans tous les pays d’Europe, ils sont donc massivement exposés aux adjuvants aluminiques. Or, dans la littérature, les cas pédiatriques sont rares et, le plus souvent, l’analyse plus approfondie de la biopsie musculaire a permis de découvrir une maladie musculaire congénitale connue. Ainsi la MFM serait plutôt une coïncidence : elle serait une empreinte localisée d’une vaccination comportant un adjuvant aluminique plutôt qu’une maladie musculaire inflammatoire.
• Il est bien démontré que l’aluminium injecté par voie IM est, en grande partie, éliminé rapidement et qu’une faible partie peut se fixer dans les organes, essentiellement l’os. Mais les charges sont infimes par rapport à la charge en aluminium provenant de l’absorption quotidienne par voies digestive, pulmonaire et cutanée. Quant au cerveau, c’est l’organe le plus imperméable et, pour l’atteindre, il faut des intoxications aiguës ou des expositions importantes et prolongées
• Enfin, pour ce qui est du formaldéhyde, il sert à « inactiver » le vaccin, c'est-à-dire à faire en sorte que celui-ci puisse créer l'immunité sans provoquer la maladie. Certes, c’est un produit cancérigène, mais seulement lorsqu’il y a des expositions respiratoires ou cutanées fréquentes, dans un cadre professionnel par exemple. Il faut savoir que le corps humain produit lui-même du formaldéhyde et élimine très rapidement tout excédent. D’ailleurs, nous en mangeons quotidiennement avec nos fruits et légumes : il y a 200 à 300 fois plus de formaldéhyde dans une poire que dans un vaccin.
• L’adjuvant augmente le signalement d’un antigène au système immunitaire pour que celui-ci fabrique plus d’anticorps. Cela permet de réduire la quantité d’antigènes vaccinaux et le nombre d’injections nécessaires
• Les sels d’aluminium permettent de prolonger la persistance de l’antigène au niveau du site d’injection, augmentant ainsi la réaction immunitaire (et donc l’efficacité du vaccin)
• La plupart de ces adjuvants ont été élaborés depuis les années 1920 avec des sels d’aluminium. Leur utilisation, très large depuis plus de 90 ans, a montré leur excellente tolérance. Par ailleurs, on a bien trouvé d’autres adjuvants, mais ils sont moins efficaces.
• Au niveau du point d’injection des vaccins contenant des sels d’aluminium, il a été décrit, dès 1982, des liaisons histologiques localisées : cette entité histologique a été nommée « Myofasciite à macrophages » (MFM). La revue de la littérature ne permet pas de conclure que la MFM est associée à une ou plusieurs manifestations cliniques. Certaines lésions de MFM ont même été retrouvées sans qu’il y ait de l’aluminium.
• La MFM est une particularité française : de très nombreux patients ont été identifiés en France (par la même équipe), alors que les cas sont très rares et isolés dans les autres pays. En fait, les études de l’équipe française ne résistent pas à une analyse rigoureuse montrant à quel point elles sont entachées de biais importants : malades très disparates, critères d’inclusion mal précisés et parfois même pas de groupes de contrôle, signes cliniques qui varient selon les études, un traitement intéressant dans les 1ères études puis oublié par la suite...
• Les nourrissons étant beaucoup vaccinés dans tous les pays d’Europe, ils sont donc massivement exposés aux adjuvants aluminiques. Or, dans la littérature, les cas pédiatriques sont rares et, le plus souvent, l’analyse plus approfondie de la biopsie musculaire a permis de découvrir une maladie musculaire congénitale connue. Ainsi la MFM serait plutôt une coïncidence : elle serait une empreinte localisée d’une vaccination comportant un adjuvant aluminique plutôt qu’une maladie musculaire inflammatoire.
• Il est bien démontré que l’aluminium injecté par voie IM est, en grande partie, éliminé rapidement et qu’une faible partie peut se fixer dans les organes, essentiellement l’os. Mais les charges sont infimes par rapport à la charge en aluminium provenant de l’absorption quotidienne par voies digestive, pulmonaire et cutanée. Quant au cerveau, c’est l’organe le plus imperméable et, pour l’atteindre, il faut des intoxications aiguës ou des expositions importantes et prolongées
• Enfin, pour ce qui est du formaldéhyde, il sert à « inactiver » le vaccin, c'est-à-dire à faire en sorte que celui-ci puisse créer l'immunité sans provoquer la maladie. Certes, c’est un produit cancérigène, mais seulement lorsqu’il y a des expositions respiratoires ou cutanées fréquentes, dans un cadre professionnel par exemple. Il faut savoir que le corps humain produit lui-même du formaldéhyde et élimine très rapidement tout excédent. D’ailleurs, nous en mangeons quotidiennement avec nos fruits et légumes : il y a 200 à 300 fois plus de formaldéhyde dans une poire que dans un vaccin.
Pardonnez ce long discours, mais il est plus long de contredire
des bêtises que de les diffuser. Certes, je reconnais qu'il n'est pas facile de
faire un tri éclairé sur Internet où le plus important est de faire un «buzz»,
même si c'est avec des inepties et même si cela peut provoquer une paranoïa
dangereuse contre la Santé. La pétition du Pr Joyeux est fondée sur des
amalgames et des ignorances. Les victimes sont les parents qui perdent leur
sérénité et les enfants qui peuvent perdre une protection bien utile.
Rappelez-vous que certaines maladies redoutables ont disparu au point qu’on les
a presque oubliées : le vaccin contre l’Hémophilus influenzae de type B par
exemple (contenu dans le Pentavalent et dans l’Hexavalent) a fait disparaître
les méningites à hémophilus (40% de séquelles) des services de Pédiatrie.
D'autres maladies sont réapparues ces dernières années (avec plusieurs morts en
France et en Suisse) car certaines vaccinations n'ont pas été suivies.
Rappelez-vous aussi que, dans la vie, il n'y a pas de risque zéro et que, si on
y regarde bien, il y a plus de risque grave à prendre la voiture que de se
faire vacciner.
De la part d'un pédiatre qui a toujours eu le souci d'expliquer les choses pour
aider les parents à faire leurs choix.
Auteur: Dr Marc PILLIOT - Pédiatre
Président de la COFAM de 2003 à 2011 (Coordination Française
pour l'allait. Maternel)
Co-fondateur de IHAB France (Initiative Hopital des bébés en
France)
Membre de la CNNSE (Commission Nationale de la Naissance et
de la Santé de l'Enfant).
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