Une découverte surprenante laisse
espérer de nouvelles pistes thérapeutiques contre le diabète : une molécule, la
fractalkine, stimulerait la production d'insuline. Complètement insoupçonné
jusque-là, son rôle serait de participer au contrôle de la glycémie.
Le diabète se caractérise par un excès de sucre dans
le sang. Son incidence ne cesse de grimper : en 2009, on estimait que plus de
3,5 millions de Français étaient atteints. Les principales causes de cette
maladie sont le surpoids, l’obésité, une mauvaise alimentation et le manque
d’activité physique. Bien que différents traitements existent, le diabète ne se
guérit pas : quand on est atteint, on le reste toute sa vie.
Une étape prometteuse vient d’être franchie dans la
compréhension du déclenchement de cette maladie. En effet, une équipe de
l’université de Californie à San Diego a mis en évidence le rôle d’une
protéine, la fractalkine, dans l’apparition du diabète. Ces résultats, publiés
dans la revue Cell, pourraient permettre le développement de nouveaux outils
thérapeutiques.
L'insuline, une molécule clé dans le
contrôle de la glycémie :
Lorsque nous mangeons, la concentration de sucre
dans le sang augmente. Cette hausse est détectée par le pancréas, et en
particulier par les cellules bêta regroupées en amas appelés îlots de
Langerhans. Ces cellules sécrètent alors une hormone peptidique appelée
insuline. Elle permet au glucose de pénétrer dans les différents organes et
d’être stocké ou converti en énergie : le taux de glucose sanguin redevient
alors rapidement normal. Chez les personnes atteintes de diabète, ce système ne
fonctionne pas ou fonctionne mal, et le taux de glucose reste élevé : on parle
d’hyperglycémie. À long terme, ces hyperglycémies peuvent altérer les nerfs et
les vaisseaux sanguins.
Dans le cas du diabète de type 1, qui touche environ
10 % des diabétiques, les cellules du pancréas sont détruites et l’insuline
n’est pas produite. En revanche chez les patients atteints de diabète de type
2, l’insuline est produite, mais soit elle n’est pas efficace, soit sa quantité
n’est pas suffisante. En d’autres termes, ces patients possèdent des cellules
bêta pancréatiques qui fonctionnent mal. De nombreuses équipes de recherche
tentent donc de trouver un moyen d’améliorer les performances de ces cellules
défaillantes. Et l’équipe américaine semble avoir mis le doigt sur une cible
intéressante : la fractalkine.
La fractalkine stimule la sécrétion
d'insuline :
Protéine membranaire appartenant à la famille des
hormones appelées chimiokines, la fractalkine interagit avec un récepteur
spécifique situé à la surface des cellules et joue un rôle dans l'adhésion
entre les cellules. Elle interviendrait également dans l'immunité en permettant
le recrutement de lymphocytes T sur des sites d'infection. Les auteurs de cette
étude ont mis en évidente une autre de ses fonctions : elle serait capable de
circuler dans les vaisseaux sanguins et de stimuler la sécrétion d’insuline en
se fixant sur des récepteurs spécifiques à la surface des cellules bêta. Selon
Jerrold Olefsky, directeur de l’étude, « cette découverte est inédite et n’a
jamais été décrite jusqu’ici dans la littérature ».
Les auteurs montrent que l’injection de fractalkine
chez des souris stimule leur production d’insuline et augmente leur capacité à
tolérer le glucose. En revanche, ces effets bénéfiques disparaissent chez des
souris génétiquement modifiées ne possédant pas de récepteurs à la fractalkine.
Ces résultats suggèrent que la protéine joue un rôle dans le maintien de la
glycémie. Son dysfonctionnement pourrait entraîner un dérèglement des cellules
bêta et causer un diabète de type 2.
Selon Jerrold Olefsky, l’utilisation de la
fractalkine a peu de chance de soigner complètement la maladie. Néanmoins, elle
pourrait être utilisée comme traitement complémentaire à la prise d’insuline.
De bonnes habitudes alimentaires et une activité physique régulière sont
également indispensables chez les patients souffrant de cette pathologie.
Source: Futura-sciences.
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