samedi 16 mars 2013

Sida : ces patients qui contrôlent leur infection



L'étude des - rares - malades en rémission sans traitement pourrait déboucher sur la mise au point d'un moyen d'éradiquer le sida.
Ils sont quatorze et de multiples chercheurs s'intéressent à eux. Car l'organisme de ces personnes contaminées par le virus du sida est toujours capable de contrôler le VIH plus de sept années après l'arrêt de leur traitement antirétroviral. Après la description, début mars, du cas d'un bébé en état de "rémission fonctionnelle", la cohorte ANRS EP 47 Visconti (qui regroupe ces patients pas comme les autres) confirme le rôle déterminant d'une intervention thérapeutique précoce. Ces résultats, publiés hier dans PloS Pathogens, pourraient avoir d'importantes implications dans la recherche de stratégies visant à éradiquer l'infection, ou tout au moins à induire un contrôle stable et durable sans traitement.




Très tôt après l'infection d'un individu, le virus du sida a la capacité de se cacher sous forme latente dans certaines cellules immunitaires dont la durée de vie est très longue. C'est ainsi que le VIH peut persister dans l'organisme, même après des années de traitement. Ces "réservoirs" expliquent la remontée très rapide du nombre de virus dans le sang (la virémie) dès que la prise d'antirétroviraux est interrompue chez la majorité des patients. Il existe néanmoins quelques exceptions qui passionnent les chercheurs.

Diminution du nombre de cellules infectées :

La nouvelle étude française rapporte justement de tels cas observés en France par les docteurs Laurent Hocqueloux et Thierry Prazuck, à l'hôpital Orléans-La Source, ainsi que dans la cohorte ANRS CO 06 Primo (qui suit sur le long terme des patients nouvellement infectés). En 2009, l'Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) a décidé de constituer et de financer une équipe multidisciplinaire de chercheurs et d'établir une cohorte de patients "contrôleurs après traitement" pour mieux comprendre leurs caractéristiques et définir les mécanismes en jeu.

Les quatorze patients de la cohorte ANRS EP 47 Visconti ont été diagnostiqués au cours de leur primo-infection (dans les 10 semaines après l'infection) et ils ont immédiatement bénéficié d'une thérapie antirétrovirale pendant une durée moyenne de trois ans avant d'arrêter toute prise d'antirétroviraux. L'étude de ces personnes est coordonnée par le professeur Christine Rouzioux (hôpital Necker et université Paris-Descartes), membre de l'équipe ayant identifié le VIH en 1983, et le docteur Asier Sáez-Cirión (Institut Pasteur), chercheur dans le laboratoire du professeur Françoise Barré-Sinoussi.

Leurs travaux montrent une diminution du nombre de cellules infectées circulant dans le sang des "contrôleurs après traitement", au cours des quatre dernières années, malgré l'absence de médicaments. Cela confirme le nouveau concept de "rémission fonctionnelle" déjà évoqué. "Le traitement précoce a probablement limité l'extension des réservoirs viraux et a préservé les réponses immunitaires. Cette combinaison a certainement pu favoriser le contrôle de l'infection après l'arrêt du traitement", explique le professeur Rouzioux dans un communiqué.

Les résultats de l'étude ANRS EP 47 Visconti et ceux récemment observés chez un bébé plaident donc en faveur d'une initiation précoce du traitement antirétroviral. Et ils pourraient avoir des retombées majeures en termes de recherche. "Les travaux actuels visent à comprendre pourquoi et comment quelques patients traités en primo-infection arrivent à contrôler durablement leur infection, sans médicaments", conclut le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS. D'ailleurs, une cohorte européenne de patients "contrôleurs après traitement", coordonnée par l'ANRS, sera réunie dans les prochains mois.

Source : Le Point.

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