Les médecins de famille jugent que le
projet de règlement octroyant de nouveaux pouvoirs aux pharmaciens va beaucoup
plus loin que ce qui était prévu dans le projet de loi initial. Trop loin,
s’inquiète le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
(FMOQ), le Dr Louis Godin.
Le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Dr Louis Godin |
Les médecins s’opposent depuis le début à donner un
droit de diagnostic aux pharmaciens, mais sont ouverts à élargir leur champ
d’action pour désengorger le système de santé. Quand Québec a présenté le
projet de loi 41, adopté à l’unanimité en décembre 2011, ils se sont montrés
consensuels et souriants, car à leur satisfaction, le projet de loi donnait la
possibilité aux pharmaciens de prescrire des médicaments pour des cas ne
nécessitant pas de diagnostic seulement. La prise d’acide folique chez la femme
enceinte, par exemple.
23 problèmes de santé
Or, une surprise a surgi dans le projet de règlement
publié en janvier dernier dans la Gazette officielle du Québec. Si ce règlement
est adopté tel quel, les pharmaciens pourront prescrire des médicaments pour 23
problèmes de santé, dont 12 nécessitent, selon la FMOQ, un diagnostic,
justement.
Rhinite allergique, herpès labial, acné mineure,
vaginite, érythème fessier ou infections urinaires chez la femme sont
quelques-unes des affections en litige. Le projet de règlement publié par
l’Ordre des professions, et entériné par les deux ordres professionnels
concernés, permet aux pharmaciens de prescrire un médicament si le patient a
été traité par le passé. La prescription doit avoir moins de 4 ans pour la plupart
des diagnostics, moins de 2 ans pour les menstruations douloureuses et les
hémorroïdes, et moins d’un an pour les infections urinaires. En clair, si un
médecin a prescrit à une patiente un antibiotique pour une infection urinaire
il y a six mois et des anti-inflammatoires pour ses règles il y a un an et
demi, si les symptômes réapparaissent, cette dernière peut consulter son
pharmacien plutôt que son médecin.
« On a l’impression qu’ils ont donné aux pharmaciens
par règlement ce qu’ils ne voulaient pas donner dans le projet de loi »,
explique le Dr Louis Godin. « Le Collège des médecins nous assure qu’il y aura
des lignes directrices et que ce sera encadré, mais ça nous inquiète. Notre
position, c’est que ça prend toujours un diagnostic, même si c’est votre 10e
infection urinaire. Il y a de bonnes chances que ce soit encore une infection,
mais ça pourrait aussi être autre chose. Le Collège nous a avertis de ne pas
poser de diagnostic par téléphone ou par le Web, et là, sur simple parole du
patient, le pharmacien va pouvoir prescrire ! »
La FMOQ a jusqu’en mars pour faire savoir à l’Ordre
des professions ses réserves sur le projet de règlement.
Le Collège des médecins se veut rassurant et
soutient que les lignes directrices émises aux médecins et aux pharmaciens
seront très claires. De plus, un comité de vigie sera appelé à surveiller la
mise en application des nouveaux pouvoirs des pharmaciens dès leur entrée en
vigueur. Si le règlement ne subit pas de modification, cela pourrait survenir
dès mai ou juin.
Source :
Le devoir.com
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