Plusieurs types de cancers pourraient trouver leur
origine dans un mécanisme de neutralisation des gènes, laissent penser des
travaux réalisés par des chercheurs suisses.
Selon le Pr Didier Trono et ses collègues de l'École
polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), ce mécanisme indispensable à la
formation de l'embryon pourrait se réactiver accidentellement dans les cellules
tumorales.
Explications
Certains gènes ne s'expriment qu'au tout début de la
formation de l'embryon. Cette période ne peut durer que quelques jours. Une
fois leur objectif atteint, ils sont plongés dans un sommeil profond,
contrairement à la grande majorité des gènes qui restent actifs tout au long de
la vie.
Les chercheurs suisses ont décrypté une partie de ce
processus. Selon eux, ce dernier pourrait, s'il est déclenché plus tard et
accidentellement, également être à l'origine de nombreux cancers.
L'équipe a réussi en fait à identifier un groupe de
protéines qui jouent un rôle clé dans le mécanisme. Celles-ci s'accrochent à
une séquence d'ADN proche du gène, et y apposent une marque. Un élément de
l'ADN est ainsi remplacé par un autre.
Après ce marquage connu sous le nom de « méthylation
», la machinerie cellulaire reconnaîtra le signe et maintiendra pour toujours
le gène en dormance.
« C'est un mécanisme extrêmement élégant. Ces gènes
sont sans doute utiles tout au début de la formation de l'embryon, et plutôt
que de devoir les désactiver ensuite à chaque division cellulaire, le travail
est fait une bonne fois pour toutes, dès le moment où ils ne sont plus requis.
» — Didier Trono
Ce processus est aussi engagé dans le contrôle des
séquences virales qui constituent près de la moitié du génome humain, et
doivent être inactivées très tôt dans le développement.
Le lien avec le cancer
La médecine savait déjà que, dans de nombreuses
cellules cancéreuses, certains gènes normalement actifs sont marqués du signe
de la méthylation, c'est-à-dire qu'ils sont dormants.
Le professeur Didier Trono donne l'exemple du gène
responsable du contrôle de la division. S'il est touché, les conséquences
peuvent être importantes.
« Le processus embryonnaire, qui vise à réduire
certains gènes au silence, pourrait se réactiver de manière fortuite et
participer à la formation de cellules tumorales. » — Pr Didier Trono
L'équipe de l'EPFL veut maintenant comprendre
comment le processus cesse après les tout premiers jours de l'embryogenèse,
alors même que nombre des protéines responsables continuent à être exprimées.
Cette connaissance pourra sans doute, selon le Pr
Trono, aider à mieux saisir un phénomène qui favoriserait l'apparition du
cancer.
Le détail de ces travaux est publié dans la revue
Cell.
Source: Radio-canada
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