jeudi 4 octobre 2012

Le cancer favorisé par un mécanisme génétique de l'embryon?



Plusieurs types de cancers pourraient trouver leur origine dans un mécanisme de neutralisation des gènes, laissent penser des travaux réalisés par des chercheurs suisses.

Selon le Pr Didier Trono et ses collègues de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), ce mécanisme indispensable à la formation de l'embryon pourrait se réactiver accidentellement dans les cellules tumorales.




Explications

Certains gènes ne s'expriment qu'au tout début de la formation de l'embryon. Cette période ne peut durer que quelques jours. Une fois leur objectif atteint, ils sont plongés dans un sommeil profond, contrairement à la grande majorité des gènes qui restent actifs tout au long de la vie.

Les chercheurs suisses ont décrypté une partie de ce processus. Selon eux, ce dernier pourrait, s'il est déclenché plus tard et accidentellement, également être à l'origine de nombreux cancers.

L'équipe a réussi en fait à identifier un groupe de protéines qui jouent un rôle clé dans le mécanisme. Celles-ci s'accrochent à une séquence d'ADN proche du gène, et y apposent une marque. Un élément de l'ADN est ainsi remplacé par un autre.

Après ce marquage connu sous le nom de « méthylation », la machinerie cellulaire reconnaîtra le signe et maintiendra pour toujours le gène en dormance.
« C'est un mécanisme extrêmement élégant. Ces gènes sont sans doute utiles tout au début de la formation de l'embryon, et plutôt que de devoir les désactiver ensuite à chaque division cellulaire, le travail est fait une bonne fois pour toutes, dès le moment où ils ne sont plus requis. » — Didier Trono

Ce processus est aussi engagé dans le contrôle des séquences virales qui constituent près de la moitié du génome humain, et doivent être inactivées très tôt dans le développement.

Le lien avec le cancer

La médecine savait déjà que, dans de nombreuses cellules cancéreuses, certains gènes normalement actifs sont marqués du signe de la méthylation, c'est-à-dire qu'ils sont dormants.

Le professeur Didier Trono donne l'exemple du gène responsable du contrôle de la division. S'il est touché, les conséquences peuvent être importantes.
« Le processus embryonnaire, qui vise à réduire certains gènes au silence, pourrait se réactiver de manière fortuite et participer à la formation de cellules tumorales. » — Pr Didier Trono

L'équipe de l'EPFL veut maintenant comprendre comment le processus cesse après les tout premiers jours de l'embryogenèse, alors même que nombre des protéines responsables continuent à être exprimées.

Cette connaissance pourra sans doute, selon le Pr Trono, aider à mieux saisir un phénomène qui favoriserait l'apparition du cancer.

Le détail de ces travaux est publié dans la revue Cell.

Source: Radio-canada

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