Des chercheurs du Centre hospitalier universitaire
Sainte-Justine et de l'Université de Montréal ont identifié des origines
génétiques de 10 % d'une forme de malformation importante du coeur en étudiant
la variabilité génétique au sein des familles. " C'est plus que la somme
des gènes trouvés à ce jour par toutes les études précédentes, qui
n'expliquaient que 1 % des maladies, affirme Dr Marc-Phillip Hitz, auteur
principal de l'étude parue dans PLoS Genetics, sous la direction de Dr Gregor
Andelfinger, chercheur à la tête d'une équipe internationale et cardiopédiatre,
lequel parle d'un " pas très important vers un catalogue moléculaire qui,
à terme, pourra expliquer l'évolution de l'ensemble de la condition cardiaque
d'un patient, et permettre d'avoir une influence sur la progression de sa
maladie ".
Les malformations cardiaques congénitales sont au
premier rang des malformations chez tous les nouveau-nés, et l'une des plus
importantes causes de mortalité en Occident. Pour leur étude, les chercheurs se
sont concentrés sur les malformations congénitales de la valve aortique, où la
présence de plusieurs cas de lésions graves au sein de mêmes familles laisse
souvent soupçonner une composante héréditaire. Les chercheurs ont donc choisi
d'adopter une approche " familiale " et sélectionné des familles dont
plusieurs membres étaient malades, afin d'établir un lien direct avec la
maladie. Pour ce faire, ils ont passé à la loupe les variations du nombre de
copies de gènes, forme de variation structurelle du patrimoine génétique qui
conduit à une diminution ou à une augmentation du nombre de copies de tronçons
spécifiques d'ADN à l'intérieur du génome. Usant de critères de sélection de
patients extrêmement stricts pour assurer la force et la profondeur de leur
échantillonnage, les chercheurs n'ont retenu que les variations rares
impliquées dans le développement de la maladie et à l'origine de conséquences
graves sur la santé, qui étaient présentes chez les patients mais absentes chez
les membres sains de leur famille. Ils ont ensuite validé que les gènes
identifiés étaient hautement exprimés dans les coeurs de souris en cours de
formation.
L'étude a aussi permis d'observer que plusieurs
patients atteints portaient non pas une, mais deux, voire trois variations
rares. Cette trouvaille avait déjà été faite dans le contexte d'autres maladies
congénitales. En revanche, l'étude révèle aussi qu'aucune des variations
trouvées ne se répète d'une famille à l'autre parmi les 59 familles analysées.
" Malgré l'homogénéité de la population francocanadienne par rapport à
d'autres populations, on se rend compte de similitudes au sein d'une même famille,
mais d'importantes différences entre familles sans lien généalogique. D'un
point de vue génétique, les maladies aortiques congénitales graves sont donc un
peu une " affaire de famille ".
Par ailleurs, bien que l'étude ait porté sur la
valve aortique, des gènes expliquant des troubles cardiaques associés ont été
identifiés. " Il est frappant de constater que la majorité des gènes
identifiés sont aussi impliqués dans le développement des vaisseaux sanguins,
et pas seulement dans celui des valvules du coeur ", fait remarquer Dr
Andelfinger. En effet, les images sont saisissantes de clarté : le marquage des
gènes identifiés obscurcit les zones du coeur où des lésions sont observées.
" Ça explique qu'après la chirurgie d'une valve cardiaque, certains
patients continuent d'avoir des problèmes, comme des dilatations de l'aorte. Ça
jette un éclairage nouveau sur le lien entre les deux problèmes, qu'on
observait en clinique sans pouvoir l'expliquer, " conclut-il.
Source: Techno science.
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