A nouveau la polypill pour sauver des
milliers de vies? On en parle depuis des années de cette pilule contenant 4
médicaments différents, combinés pour réduire le cholestérol et la pression
artérielle. Cette étude britannique, publiée dans l’édition du 18 juillet de
PLoS ONE, conclut- à nouveau- que cette polypill pourrait réduire de façon
significative le risque de développer une maladie cardiovasculaire, chez des
personnes de plus de 50 ans et sauver ainsi des centaines de milliers de vies.
Reste à démontrer son rapport bénéfice-risque en cas de prescription massive…
L’étude menée par des chercheurs du Wolfson
Institute, de la London School of Medicine and Dentistry et de la Queen Mary
University of London a porté sur un petit échantillon de 84 personnes (seulement)
et l’un de ses auteurs détient le brevet européen et canadien pour la polypill.
Elle aborde tant les effets de réduction du risque cardiovasculaire que les
préoccupations légitimes en cas de
prescription massive de ces 4 médicaments en un, en fonction du seul critère de
l'âge.
L’essai randomisé contrôlé contre placebo a examiné
l'effet de la polypill sur la pression artérielle et les niveaux de
lipoprotéines de basse densité (LDL) ou «mauvais» cholestérol auprès de 86
personnes de plus de 50 ans vivant à Londres, qui prenaient une statine et des
hypotenseurs dans le cadre d'un programme de prévention des maladies
cardiovasculaires. Les participants n'avaient pas d'antécédents de maladie
cardiovasculaire et avaient été recrutés uniquement sur la base de l'âge. Les
participants ont été randomisés pour recevoir soit la polypill, qui contenait
l'amlodipine, le losartan, l'hydrochlorothiazide et la simvastatine (contre le
cholestérol), soit un placebo. Après 12 semaines de prise, les participants ont changé de groupe de
traitement (polypill ou placebo). A la fin de chaque phase de 12 semaines, les
chercheurs ont mesuré la pression systolique et diastolique, ainsi que le
cholestérol LDL. Ils ont ensuite évalué, pour chaque participant, la différence
moyenne entre la pression artérielle et le cholestérol à la fin du traitement
par placebo et du traitement polypill.
Sur les 84 participants qui ont terminé l'essai,
comparativement au placebo, la polypill a permis,
·
une réduction
moyenne de la pression artérielle systolique de 17.9 mmHg (IC : 95%), soit une
réduction de 12% par rapport aux niveaux sous placebo,
·
une réduction
moyenne de la pression artérielle diastolique de 9.8 mmHg (IC : 95%), soit une
réduction de 11% par rapport aux niveaux sous placebo,
·
une réduction
moyenne du LDL-cholestérol de -1,4 mmol / L (IC : 95%), soit une réduction de
39% par rapport aux niveaux sous placebo,
·
Ces réductions
s’avèrent, sans surprise, similaires à celles attendues sur la base des
performances de chaque médicament inclus dans la polypill.
Un potentiel jugé « considérable » : A partir de là,
les chercheurs estiment que si les réductions observées étaient maintenues sur
une longue période de temps, l'utilisation de la polypill pourrait conduire à
une réduction de 72% des événements cardiovasculaires ischémiques (crises
cardiaques) et à une réduction de 64% des accidents vasculaires cérébraux
(AVC). Les auteurs parlent de « potentiel considérable pour la prévention des
maladies cardio-vasculaires ». Si le profil d'innocuité de ces médicaments est
déjà connu, ces médicaments sont souvent prescrits séparément et le rapport
bénéfice-risque doit encore être démontré pour toutes les personnes en bonne
santé de plus de 50 ans. En plus, serions-nous disposés à prendre un médicament
de prévention cardiaque sans être malade ?
Source: PLoS ONE 7(7): e41297.
doi:10.1371/journal.pone.0041297 Published online July 18 2012 Randomized
Polypill Crossover Trial in People Aged 50 and Over.
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