Première mondiale : des scientifiques
japonais sont parvenus à reprogrammer des cellules souches pluripotentes
induites (CSPi) pour les transformer en lymphocytes T potentiellement capables
de détruire des cellules tumorales. La première étape vers de nouvelles
thérapies contre le cancer ?
L’idée d’utiliser le système immunitaire pour
combattre les tumeurs n’a rien de nouveau. La preuve : la méthode est déjà
appliquée contre certaines formes de la maladie, comme dans le cancer du rein.
Cependant, l’immunothérapie reste marginale, car elle se heurte à des limites
techniques.
Dans la pratique, les chercheurs prélèvent chez les
patients des populations de lymphocytes T (LT), des cellules de l’immunité,
capables de reconnaître spécifiquement les cellules tumorales. Ils les font
croître avant de les réinjecter en quantités plus importantes pour mieux faire
reculer la maladie. Du fait d’un faible nombre de LT récoltés au départ et de
leur courte durée de vie, les traitements peinent à être pleinement efficaces.
Mais la situation pourrait évoluer dans le bon sens : des scientifiques
japonais du Riken Research Center for Allergy and Immunology viennent d’ouvrir
une voie prometteuse dans l’amélioration des immunothérapies. Même s’il est
encore beaucoup trop tôt pour crier victoire.
Du lymphocyte au lymphocyte en passant
par les CSPi
Qu’ont-ils fait de révolutionnaire ? La première
étape a consisté à récupérer des lymphocytes T cytotoxiques reconnaissant
spécifiquement l’antigène MART-1 porté par des cellules de mélanome (cancer de
la peau). Ces LT, adultes, ont été ramenés à un état juvénile par l’exposition
à des facteurs de transcription, ceux-là même utilisés en 2006 par Shinya
Yamanaka, et qui lui ont valu le prix Nobel de médecine 2012.
Ainsi, les chercheurs disposaient d’une population
de cellules souches pluripotentes induites (CSPi), c’est-à-dire des cellules
que l’on peut faire croître en masse et dont on peut diriger la maturation.
Sous l’influence de facteurs cellulaires, ces CSPi ont été transformées une nouvelle
fois en lymphocytes T.
La question était de savoir si ce nouveau lot, après
transformation, exprimait toujours à sa surface le récepteur à l’antigène
MART-1, celui-là même qui lui permet de reconnaître puis d’éliminer les
cellules de mélanome. Comme démontré dans la revue Cell Stem Cell, plus de 98 %
de ces LT résultants présentent toujours le récepteur spécifique et produisent
l’interféron gamma, une molécule anticancer.
Un traitement contre le cancer… dans un
futur lointain
Voilà l’occasion de produire en masse des cellules
de l’immunité dirigées contre les cellules cancéreuses et de contourner les
problèmes actuels de l’immunothérapie en créant des lymphocytes en très grand
nombre et en leur conférant une durée de vie plus importante.
Mais l’espoir est à tempérer. Les scientifiques
nippons ignorent encore si leurs nouvelles cellules peuvent effectivement
détruire les tumeurs tout en épargnant les tissus sains, afin de développer une
thérapie ciblée. Si l’avenir le montre, ils se disent optimistes et pensent
pouvoir utiliser un tel traitement dans un futur pas si lointain.
Pourtant, il reste de nombreuses étapes à valider
avant d’en arriver là. D’une part, la question de la faisabilité d’un tel
traitement à grande échelle à des coûts abordables se pose. Il est un peu tôt
pour en parler. Ensuite, si les CSPi représentent probablement l’avenir de la
médecine, leur impact sur la santé n’est pas encore bien défini. Il faut donc
établir la balance bénéfices/risques de telles cellules au préalable avant de
les autoriser chez l’être humain. De nombreux écueils à surmonter avant de
bénéficier un jour de ces lymphocytes issus de CSPi.
Source: Futura-sciences
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