lundi 17 décembre 2012

Les globules rouges impliqués dans la maladie de Gaucher



La maladie de Gaucher pourrait bien être liée, au moins en partie, à des défauts majeurs affectant les globules rouges. Une équipe de l’Inserm vient en effet de montrer qu’ils présentent des problèmes de déformabilité et d’adhérence aux parois des vaisseaux.



La maladie de Gaucher est une maladie génétique très rare dans la population générale, mais fréquente chez les juifs ashkénazes. En 2003, à peine 250 patients étaient recensés en France. Les médecins savent qu’elle est liée à l’accumulation de lipides dans différents organes, en raison d’un déficit en une enzyme particulière, la glucocérébrosidase. Ils savent également qu’une anomalie génétique héréditaire est à l’origine de ce déficit. En revanche, les mécanismes cellulaires et moléculaires à l’origine des symptômes la maladie demeurent énigmatiques. Des travaux français lèvent aujourd’hui une partie du voile sur ce mystère, suggérant un rôle des globules rouges.

La palette des symptômes associés à la maladie de Gaucher et leur sévérité est extrêmement variable d’un patient à un autre, pouvant aller d’une absence totale de signes à une maladie mortelle dès les premiers jours de vie. La fatigue, une augmentation du volume de la rate et du foie sont fréquentes chez les patients, tout comme les complications osseuses (déformations ou fractures). Dans certains cas, une atteinte neurologique peut conduire à des épilepsies gravissimes. Enfin, des anémies et des complications cardio-pulmonaires inexpliquées peuvent également survenir, avec des cas de thromboses ou d’ischémies.
Vers la piste d’une érythropathie

Ces derniers cas ont incité des chercheurs de l’Inserm à s’intéresser aux cellules sanguines des patients, et notamment aux globules rouges. Ils ont pour cela utilisé une « plateforme d’adhérence dynamique » qui permet d’observer et de tester le comportement des globules rouges mis en contact avec différentes cellules ou protéines purifiées, dans des conditions similaires à celles du flux sanguin physiologique.

Les chercheurs ont rapidement constaté des défauts majeurs dans la capacité des globules rouges des patients à adhérer aux parois des vaisseaux sanguins. « Nous avons observé des anomalies morphologiques, une moindre souplesse des globules rouges Gaucher, des problèmes de viscosité sanguine et d’agrégation, des anomalies d’adhérence à l’endothélium vasculaire et à la laminine, composant majeur de la matrice extracellulaire » décrit Caroline Le Van Kim, coauteur des travaux. « Autant de manifestations qui évoquent finalement une érythropathie  », indique la chercheuse, qui pourrait par exemple expliquer la nécrose osseuse typique de la maladie de Gaucher.

« Il s’agit d’une étape importante dans la connaissance de la maladie, qui va conduire à de nouveaux projets pour clarifier les mécanismes moléculaires et cellulaires en jeu et au développement potentiel de nouvelles cibles thérapeutiques » conclut la chercheuse.

Source : Blood 2012, édition en ligne du 3 décembre 2012.

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