La maladie de Gaucher pourrait bien être
liée, au moins en partie, à des défauts majeurs affectant les globules rouges.
Une équipe de l’Inserm vient en effet de montrer qu’ils présentent des
problèmes de déformabilité et d’adhérence aux parois des vaisseaux.
La maladie de Gaucher est une maladie génétique très
rare dans la population générale, mais fréquente chez les juifs ashkénazes. En
2003, à peine 250 patients étaient recensés en France. Les médecins savent
qu’elle est liée à l’accumulation de lipides dans différents organes, en raison
d’un déficit en une enzyme particulière, la glucocérébrosidase. Ils savent
également qu’une anomalie génétique héréditaire est à l’origine de ce déficit.
En revanche, les mécanismes cellulaires et moléculaires à l’origine des
symptômes la maladie demeurent énigmatiques. Des travaux français lèvent
aujourd’hui une partie du voile sur ce mystère, suggérant un rôle des globules
rouges.
La palette des symptômes associés à la maladie de
Gaucher et leur sévérité est extrêmement variable d’un patient à un autre,
pouvant aller d’une absence totale de signes à une maladie mortelle dès les
premiers jours de vie. La fatigue, une augmentation du volume de la rate et du
foie sont fréquentes chez les patients, tout comme les complications osseuses
(déformations ou fractures). Dans certains cas, une atteinte neurologique peut
conduire à des épilepsies gravissimes. Enfin, des anémies et des complications
cardio-pulmonaires inexpliquées peuvent également survenir, avec des cas de
thromboses ou d’ischémies.
Vers la piste d’une érythropathie
Ces derniers cas ont incité des chercheurs de
l’Inserm à s’intéresser aux cellules sanguines des patients, et notamment aux
globules rouges. Ils ont pour cela utilisé une « plateforme d’adhérence dynamique
» qui permet d’observer et de tester le comportement des globules rouges mis en
contact avec différentes cellules ou protéines purifiées, dans des conditions
similaires à celles du flux sanguin physiologique.
Les chercheurs ont rapidement constaté des défauts
majeurs dans la capacité des globules rouges des patients à adhérer aux parois
des vaisseaux sanguins. « Nous avons observé des anomalies morphologiques, une
moindre souplesse des globules rouges Gaucher, des problèmes de viscosité
sanguine et d’agrégation, des anomalies d’adhérence à l’endothélium vasculaire et
à la laminine, composant majeur de la matrice extracellulaire » décrit Caroline
Le Van Kim, coauteur des travaux. « Autant de manifestations qui évoquent
finalement une érythropathie », indique
la chercheuse, qui pourrait par exemple expliquer la nécrose osseuse typique de
la maladie de Gaucher.
« Il s’agit d’une étape importante dans la
connaissance de la maladie, qui va conduire à de nouveaux projets pour
clarifier les mécanismes moléculaires et cellulaires en jeu et au développement
potentiel de nouvelles cibles thérapeutiques » conclut la chercheuse.
Source : Blood 2012,
édition en ligne du 3 décembre 2012.
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