Des chercheurs français ont mis en évidence un
nouveau type de rejet. Cette découverte devrait éviter la perte d'un grand
nombre de greffons.
Le rejet est la principale crainte des chirurgiens
qui transplantent des organes, car il entraîne la perte d'un précieux greffon
et, en tout cas pour les reins, le retour des malades à la situation
antérieure, donc à la dialyse. Dans d'autres cas, il a des répercussions
importantes sur la survie des opérés. D'où l'intérêt de la découverte de
plusieurs équipes hospitalo-universitaires françaises menées par le professeur
Xavier Jouven du Centre de recherche cardiovasculaire de Paris. En
identifiant un nouveau type de rejet, elle ouvre la voie à des traitements
spécifiques permettant de sauver des greffons. Leurs résultats, publiés dans la
revue The Lancet datée du vendredi 23 novembre 2012, vont même conduire à une
modification des critères internationaux de rejet.
Jusqu'à présent, les spécialistes avaient identifié
deux types de rejet. Le premier dit "cellulaire" (provoqué par
certains globules blancs, les lymphocytes T) et le second dit
"humoral" (provoqué par les anticorps). Désormais, ils sont au nombre
de trois. Car Carmen Lefaucheur et Alexandre Loupy, les deux auteurs principaux
de cette étude, ont décrit un rejet appelé "vasculaire", "qui
est caractérisé par l'inflammation des artères du greffon en réponse à la
présence d'anticorps dirigés contre le donneur", selon leurs termes
exacts.
Interdisciplinarité
Pour arriver à cette découverte, "les
chercheurs français ont développé une approche innovante en transplantation
intégrant des outils mathématiques, immunologiques et histologiques et des
compétences en néphrologie, cardiologie et épidémiologie sur de larges cohortes
de patients", précise le communiqué de presse. Pour leur publication, ils
se sont focalisés sur la transplantation rénale, qui représente aujourd'hui le
traitement de choix de l'insuffisance rénale terminale. Actuellement, 12 000
patients attendent un greffon dans notre pays.
L'équipe coordonnée par Xavier Jouven a analysé une
population de 2 079 patients transplantés rénaux, dont 302 ont présenté un
rejet aigu. Tous ces opérés ont été suivis pendant 6 ans dans trois centres
parisiens (hôpitaux Necker et Saint-Louis de l'AP-HP et l'hôpital Foch) en
collaboration avec le laboratoire régional d'histocompatibilité Jean Dausset.
C'est ainsi que les chercheurs ont mis en évidence cette nouvelle forme de
rejet, "dont la survenue augmente de neuf fois le risque de perte du rein".
Prise en charge inadaptée
Ces nouvelles observations font dire aux chercheurs
que, "dans l'état actuel de la classification internationale, 45 % des
patients présentant un rejet vasculaire sont classés de façon erronée".
Une erreur qui a pour conséquence une prise en charge thérapeutique inadaptée
et qui augmente le risque de perte du greffon. Car ces spécialistes démontrent
que l'utilisation d'une thérapie ciblant les anticorps améliore
significativement le pronostic de la greffe chez ces patients.
La portée de ces résultats dépasse le domaine de la
transplantation rénale et concerne également les greffes cardiaque, pulmonaire,
pancréatique et d'organes composites. Pour Carmen Lefaucheur et Alexandre
Loupy, "ces données ouvrent un très large champ d'investigation dans le
domaine de la transplantation d'organes et de la pathologie
cardiovasculaire".
Source: Le Point.
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