La pseudoéphédrine contenue dans ces
médicaments en vente libre augmenterait le risque cardio-vasculaire.
Rien n'est plus banal qu'un rhume. Toute
personne normalement constituée en souffre au moins deux ou trois fois par an.
Sans aucun risque. En revanche, une gamme de médicaments en vente libre contre
le rhume, contenant des vasoconstricteurs, présenterait, elle, des vrais
dangers pour la santé, rares, mais très graves.
À l'heure où les rhinovirus se développent et se
propagent un peu partout du fait des premiers frimas, le service de
Pharmacovigilance du CHU de Toulouse, dirigé par le Pr Jean-Louis Montastruc, ,
vient de publier dans son bulletin d'information de Pharmacologie Bip31.fr une
mise en garde concernant ces produits.
«Préconiser plutôt du sérum
physiologique»
En particulier, certains médicaments, utilisés par
voie orale et vendus sans ordonnance, contiennent de la pseudoéphédrine, une
molécule à effet vasoconstricteur qui augmenterait le risque d'infarctus du
myocarde et d'accident vasculaire cérébral. «De plus, la publicité grand public
est autorisée pour la plupart de ces produits utilisés par voie orale, déplore
le Dr Emmanuelle Bondon-Guitton (Toulouse), auteur de la note sur ce sujet dans
le Bip31.fr. En réalité, il faut éviter ces médicaments dont le risque est
inacceptable au vu de la pathologie et préconiser plutôt l'utilisation du sérum
physiologique.»
Les autorités sanitaires ont il y a quelques années
interdit en France, après de longues tergiversations, d'autres
vasoconstricteurs utilisés également contre le rhume (la phénylpropanolamine).
Elles auraient tout intérêt à se pencher rapidement maintenant sur le cas des
produits contenant de la pseudoéphédrine, vendus sans ordonnance.
Une quinzaine de produits disponibles
Il existe une quinzaine de médicaments par voie
orale contre le rhume, que l'on obtient sans ordonnance et à base de pseudoéphédrine,
avec des dosages différents (Actifed Rhume, Nurofen Rhume, Dolirhume, Humex
Rhume…). D'autres vasoconstricteurs, en utilisation locale, en gouttes
intranasales, ne peuvent être obtenus que sur ordonnance. Situation d'autant
plus étrange que les formes orales pourraient être plus dangereuses que celles
à usage local.
Tous ces médicaments sont contre-indiqués chez les
personnes hypertendues ou ayant des antécédents cardio-vasculaires. «Les effets
indésirables sont bien décrits avec ces médicaments, le plus souvent avec les
formes orales: angine de poitrine, infarctus, poussées hypertensives,
convulsions, accident vasculaire cérébral. Ils sont rares, voire très rares (un
cas pour un million), mais graves le plus souvent», précise le docteur Bondo-Guitton.
Les patients ignorent en général ces risques, malgré les mises en garde des
notices: comment imaginer que contre une pathologie bénigne, un médicament
puisse être délétère à ce point?
Des produits de confort
Les pouvoirs publics traînent visiblement pour
prendre les décisions qui s'imposent: imposer la prescription de ces produits
par un médecin, ou les retirer du marché. Pourtant, un rapport de la Commission
nationale de pharmacovigilance, en mars 2008, mettait déjà en garde contre
leurs effets indésirables. «Ces effets sont peu acceptables soulignait le
rapport, du fait de l'aspect bénin de la pathologie traitée.» En 2009, la revue
Prescrire demandait aussi à «bannir ces médicaments des pharmacies…».
Simples produits de confort, ces vasoconstricteurs
réduisent la congestion nasale, sans guérir ni réduire la durée du rhume. «Il
existe plus de 120 virus différents du rhume, explique le Pr Patrick Berche
(microbiologiste, Paris-V). Ils provoquent des maladies très fréquentes et
bénignes.» Le seul traitement, c'est le lavage du nez au sérum physiologique.
Et la patience, pour attendre une semaine environ que les symptômes finissent
par disparaître d'eux-mêmes.
Source: Le figaro.
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