Une protéine retrouvée dans le liquide séminal du
sperme serait responsable de l’ovulation chez certaines espèces de mammifères
et favoriserait la viabilité de la grossesse chez la vache et peut-être chez
l’Homme. Cette molécule, qui vient d’être isolée, ne serait autre qu’un facteur
de croissance nerveuse déjà connu. Il pourrait être la cible d’un nouveau
traitement de l’infertilité.
Lorsqu’il s’agit de reproduction, les mammifères
forment deux grandes catégories. Certaines femelles (chez les chameaux, les
lamas, les lapins ou les koalas par exemple) ont une ovulation induite par le
rapport sexuel. D’autres, comme la vache et la chienne, ont une ovulation
spontanée, qui intervient selon un certain cycle (c'est également le cas de la
femme).
Pour expliquer ce premier cas, les chercheurs ont
supposé en 1985 la présence d’un facteur dans le sperme des mâles permettant à
la femelle de devenir fertile et d’ovuler. Ils l’ont appelé ovulating-inducing
factor (OIF). Cette piste a été suivie et en 2005, des scientifiques de
l’University of Saskatchewan (Canada) sont allés un peu plus loin dans sa
compréhension. En injectant du sperme de lama dans la circulation de femelles,
ils ont réussi à les pousser à ovuler, précisant ainsi que cet OIF passait par
le sang avant d’agir.
Ces mêmes biologistes ont poursuivi l’enquête et
livrent dans les Pnas le fruit de leur découverte intéressante qui révèle la
nature de cette substance : un facteur de croissance nerveuse (abrégé NGF).
Le pouvoir ovulant du sperme mieux décrypté
Il a d’abord fallu isoler cet OIF. Du sperme de lama
(ovulation induite) et de taureau (ovulation spontanée) a été récolté et passé
à la centrifugeuse afin de récupérer le liquide séminal, liquide nourricier des
spermatozoïdes représentant 5 % de l’éjaculat. Ensuite, à l’aide d’enzymes, de
chaleur et de filtres, ils ont isolé la molécule, testant sa présence à chaque
étape en l’injectant à des femelles lamas pour vérifier qu’elles pouvaient
ovuler. À terme, il ne restait plus qu’une seule protéine, qu’ils ont pu
analyser : un facteur de croissance nerveuse déjà connu, appelé NGF-bêta.
Ces protéines aident à la survie et au maintien des
corps cellulaires des neurones. Jusque-là, on pensait qu’elles ne jouaient que
ce rôle. Leur implication dans la reproduction est désormais démontrée. Les
auteurs supposent qu’une fois dans le vagin et l’utérus, l’OIF/NGF-bêta rejoint
la circulation, traverse la barrière hématoencéphalique (ceux à quoi ils ne
s’attendaient pas) et active l’hypothalamus et l’hypophyse, les glandes du
cerveau qui stimulent l’ovulation.
L’OIF pas seulement impliqué dans l’ovulation
Une autre expérience, toujours menée par la même
équipe, montre l’universalité de la protéine. Détectée chez tous les mammifères
testés, elle peut faciliter la reproduction d’une espèce à l’autre. Ainsi, le
sperme de lapin, de cheval ou de cochon suffit à promouvoir l’ovulation chez
des femelles lamas, sans rapport sexuel, évidemment.
Problème : si l’efficacité de l’OIF est attestée
chez des espèces à ovulation induite, son rôle est beaucoup moins clair pour
les autres, celles à cycle spontané, comme l’Homme. Chez la vache par exemple,
il ne provoque pas directement l’ovulation. En revanche, il semble promouvoir
la croissance folliculaire, ces structures qui enveloppent l’ovocyte et
permettent sa maturation. Il agirait également sur le développement du corps
lutéal, structure rémanente sécrétrice de progestérone et indispensable à la
survie embryonnaire.
Désormais, les auteurs souhaitent s’attaquer à
l’effet réel de l’OIF sur la fertilité humaine afin de mieux comprendre les
difficultés qu’ont certains couples à procréer. Est-il indispensable,
souhaitable, remplaçable ? Il expliquerait peut-être certains cas d’infertilité
dus à une insensibilité de la femme à la molécule ou une défaillance dans la
qualité du sperme. Mais à ce stade, il est encore impossible d’affirmer quoi
que ce soit !
Source : Futura-sciences.
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