Une équipe française de médecins
biologistes travaillant à l’Institut Curie de Paris vient de mettre au
point une technique permettant de
détecter de l’ADN d’une tumeur cancéreuse dans le sang du malade. Ce procédé
simple, reproductible et peu coûteux pourrait à terme s’appliquer à tous les
cancers pour lesquels une mutation génétique a d’ores et déjà été identifiée.
Publié dans le dernier numéro de
Clinical Cancer Research, une revue de l’Association médicale américaine du
cancer, ce travail a été dirigé par Marc-Henri Stern et Olivier Lantz
(Inserm/Institut Curie). Il apporte la démonstration, pour la première fois,
qu’il est possible de détecter de l’ADN tumoral circulant dans le sang de
patients.
La démonstration en a été apportée chez des
personnes atteintes d’une forme particulière de mélanome de l’œil, une
pathologie dite de «l’œil métastatique». Il s’agissait pour les deux chercheurs
de développer une technique permettant de faire un diagnostic précoce et
d’identifier au plus vite les récidives. Le mélanome de l’œil est le cancer de
l’œil le plus fréquent chez l’adulte, avec 500 à 600 nouveaux cas diagnostiqués
chaque année en France et l’une des préoccupations majeures est ici de parvenir
à préserver la vue.
De fait, il apparaît bien que la présence sanguine
de cet ADN révèle l’existence de cette tumeur et la quantité d’ADN trouvée est
le reflet de la taille de cette même tumeur. Cette présence est la conséquence
du phénomène –naturel– de dégradation
des cellules dans l’organisme qui permet d’assurer le renouvellement des tissus.
Qu’elles soient normales ou cancéreuses, les
cellules sont en effet dégradées et une partie de leur matériel génétique se
retrouve dans le sang circulant. Si de l’ADN tumoral est détecté dans le sang,
c’est que des cellules tumorales sont présentes dans l’organisme.
L’ADN tumoral étant toutefois en très faible
quantité faible par rapport à l’ADN normal (issu de la dégradation des autres
cellules), les chercheurs ont ici eu recours à une méthode d’amplification par
réaction en chaîne (la «polymérisation activée par pyrophosphorolyse») pour
détecter la présence de certaines mutations génétiques ponctuelles et fines.
«Il s’agit là d’une technique est simple, peu coûteuse qui peut être mise en
œuvre dans n'importe quel laboratoire de biologie moléculaire clinique»,
précise-t-on auprès de l’Institut Curie.
En pratique, de l’ADN tumoral a été détecté dans les
prélèvements sanguins de 20 des 21 personnes chez lesquelles un tel cancer
avait été diagnostiqué. Des études complémentaires sont d'ores et déjà prévues
pour évaluer de quelle manière ce nouveau test pourra être utilisé à des fins
pronostiques. D’autres travaux devraient être lancés pour élargir le spectre de
cette nouvelle application pratique de la biologie moléculaire qui pourrait
également être utilisée pour surveiller et mieux évaluer l’efficacité des
traitements anticancéreux mis en œuvre.
Source :
Slate.fr
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