Le virus qui cause la roséole livre un
autre de ses trucs pour échapper au système immunitaire humain.
Le virus de la roséole a plus d'un tour
dans son sac pour échapper au système immunitaire de ses hôtes. Il peut se
faire discret en entrant en latence, sous forme d'ADN flottant librement dans
le noyau, et se réactiver périodiquement. Il peut aussi planquer son ADN dans
le matériel génétique de son hôte qui le transmettra à ses enfants comme s'il
s'agissait d'un simple gène. C'est le lot d'une personne sur 100 sur la planète ;
toutes les cellules de leur corps contiennent le génome du virus parce que
celui-ci était présent dans la première cellule dont elles sont issues.
«De nombreux chercheurs, moi le premier, croyaient
que lorsque le virus était intégré aux chromosomes, il était mort, il ne
pouvait se réactiver et causer une nouvelle infection», souligne Louis Flamand,
professeur à la Faculté de médecine. L'article qu'il vient de publier dans le
Journal of Infectious Diseases apporte de l'eau au moulin de ceux qui pensent
le contraire.
Pour étudier la question, le professeur Flamand, sa
collègue Annie Gravel et Caroline Breese Hall, de l'Université de Rochester,
ont eu recours à deux cas très rares de transmission intra-utérine de l'herpès
virus humain type 6 (HHV-6), le nom officiel du virus de la roséole. Il s'agit
de deux couples mère-enfant où l'ADN viral était intégré aux chromosomes de la
mère, mais pas à ceux de son enfant (c'est le chromosome qui ne portait pas
l'ADN viral qui a été transmis au petit). Le bébé a tout de même été infecté.
«Toutes ces conditions ne sont réunies que dans 1 cas sur 1000», souligne le
professeur Flamand.
Les chercheurs ont profité de l'occasion pour
séquencer une partie du génome du HHV-6 trouvé chez chaque mère et son enfant.
Résultat? L'appariement était parfait dans les deux cas, indiquant qu'il
s'agissait de la même souche virale. «Nos résultats suggèrent fortement que le
HHV-6 intégré aux chromosomes de la mère a été réactivé, qu'il a traversé la
barrière placentaire et qu'il a infecté l'enfant», résume Louis Flamand.
Les travaux que le chercheur mène avec son équipe au
Centre de recherche en rhumatologie et immunologie ne visent pas à empêcher la
transmission du HHV-6 chez l'humain, une cause perdue à l'avance. «Plus de 90%
de toute la population est exposé à ce virus avant l'âge de trois ans. La
transmission se fait surtout par la salive et par les contacts. Le HHV-6
s'établit à vie dans l'organisme après coup», rappelle le chercheur.
Ce qui le préoccupe, ce sont les 70 millions de
personnes dont les chromosomes renferment l'ADN de cette espèce. «Ces personnes
peuvent faire l'objet de faux diagnostics étant donné que leurs tests sanguins
révèlent des niveaux élevés d'ADN viral. De plus, l'incidence de diverses
maladies est 2,5 fois plus élevée chez ces personnes. C'est pour ces raisons
qu'il est important de mieux comprendre la biologie du HHV-6 intégré au
génome.»
Source :
Université Laval.
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