Connue pour être responsable de la maladie de Huntington, une maladie neurodégénérative, la protéine huntingtine mutée est également impliquée dans la progression et l'agressivité des tumeurs mammaires. C'est le résultat des études menées par l'équipe de Sandrine Humbert, directrice de recherche Inserm à l'Institut Curie, et publiées le 9 janvier 2013 dans le journal EMBO Molecular Medicine. Au niveau cellulaire, la protéine huntingtine mutée empêche le bon fonctionnement du récepteur de type HER2 dont la surexpression conduit à une multiplication des cellules tumorales et à une survenue plus fréquente des métastases.
L'équipe de Sandrine Humbert montre pour la première
fois que la protéine huntingtine est exprimée dans le tissu mammaire sain ainsi
que dans les tumeurs mammaires. "De plus nous révélons que l'expression de
la huntingtine mutante dans les tumeurs mammaires rend la tumeur plus
agressive, en particulier parce que celle-ci développe davantage de
métastases" explique Sandrine Humbert. Cette particularité tire son
origine du lien existant entre la protéine huntingtine et le récepteur HER2.
Placées à la surface de la cellule, les protéines HER2 agissent comme des
"interrupteurs" et maintiennent l'équilibre entre multiplication,
division et réparation cellulaires. À l'inverse, dans certaines cellules
tumorales, ces "interrupteurs" sont en nombre trop important avec
pour conséquence une multiplication anarchique des cellules, ce qui joue un
rôle capital sur le pronostic et le traitement de la maladie.
"Notre travail établit que la protéine
huntingtine mutante interfère avec le bon fonctionnement du récepteur HER2,
provoquant ainsi son accumulation au niveau de la membrane. Cette accumulation
active des voies de signalisation induisant des métastases", précise
Sandrine Humbert.
Pour arriver à cette conclusion, l'équipe de
chercheurs, en collaboration avec des médecins de l'Institut Curie et de
l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a travaillé à la fois sur des modèles de
souris combinant l'affection neurodégénérative et un cancer du sein, et sur des
cellules. L'approche cellulaire a permis de montrer l'effet de la huntingtine
sur la sévérité du cancer en induisant une suractivation de la voie de
signalisation HER2. La protéine huntingtine mutante perturbe la fonction d'une
autre protéine, la dynamine, ce qui conduit à une accumulation du récepteur
HER2 à la surface de la cellule.
Source: Techno-science.
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