samedi 15 décembre 2012

Vers une amélioration de l'efficacité de la chimiothérapie



Des chercheurs de l'Inserm ont démontré que le système immunitaire était responsable d'une altération de l'efficacité de certaines chimiothérapies anticancéreuses. Leurs travaux ouvrent la voie à une nouvelle stratégie, permettant d'accroître l'efficacité de ce type de traitement.



La chimiothérapie, pivot de la plupart des traitements du cancer

Très utilisés pour éliminer les cellules cancéreuses, la chimiothérapie tue toutes les cellules qui se trouvent en cours de multiplication ou bloque leur prolifération (c’est le cas par exemple des cellules responsables de la pousse des cheveux ce qui explique leur perte chez les patients traités). Au-delà de ces effets toxiques directs, les agents chimio thérapeutiques pourraient aussi agir sur le système immunitaire et permettraient à l’organisme de déclencher dans un second temps une réponse immunitaire anti tumorale directe.

Mais cette hypothèse reste controversée, certaines études suggérant qu’au contraire, la chimiothérapie supprime toutes les défenses immunitaires.
Agir sur le système immunitaire pour améliorer l’efficacité de la chimiothérapie

L’équipe Inserm du Professeur François Ghiringhelli du centre de lutte Contre le Cancer Georges François Leclerc à Dijon a constaté que deux agents chimiothérapeutiques le 5-fluorouracile et la gemcitabine utilisés dans le traitement des cancers du côlon du sein et du pancréas sont responsables d'un risque de développement de tumeurs chez la souris, du fait d'une "perversion" de la réponse du système immunitaire. Dans le détail, ces agents activent un complexe protéique, appelé "inflammasome NLRP3" au sein de certaines cellules du système immunitaire. Cette activation conduit à la libération par ces cellules de la cytokine proinflammatoire, l’interleukine IL-1beta. En plus de perturber l’efficacité du système immunitaire, cette cytokine induit la production d’une autre cytokine (la cytokine IL-17) aux propriétés protumorales (elle favorise l’irrigation vasculaire des tumeurs).

"Nos résultats ont permis d’identifier que l’activation de l’inflammasome limite l’efficacité anti-tumorale de la chimiothérapie. Tout l’enjeu était ensuite de voir si nous pouvions empêcher l’activation de l’inflammasome" explique François Ghiringhelli. Pour cela, les chercheurs ont testé ces deux médicaments sur des souris déficientes pour l’inflammasome NLRP3 ou pour la cytokine IL-17. Résultat : l’activité antitumorale de la chimiothérapie était augmentée. Ils ont également traiter des souris par un inhibiteur de l’IL-1beta. Là encore, cela a permis d’augmenter l’efficacité de la chimiothérapie.

Un essai thérapeutique en préparation chez l'homme

Pour augmenter l’efficacité de ces deux agents de chimiothérapie, la stratégie logique serait donc de cibler la voie de l’inflammasome et de l’IL-1beta, en vue de supprimer les réponses immunitaires délétères tout en éliminant les cellules tumorales et d'améliorer ainsi l'efficacité de la chimiothérapie. Un essai thérapeutique associant 5-fluorouracil et inhibiteur d’IL-1 beta est actuellement en préparation et devrait voir le jour prochainement au centre lutte Contre le Cancer Georges François Leclerc à Dijon.

Sources: Nature Medicine décembre 2012.Communiqué de presse de l'Inserm - décembre 2012.

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