Des chercheurs de l'Inserm ont démontré
que le système immunitaire était responsable d'une altération de l'efficacité
de certaines chimiothérapies anticancéreuses. Leurs travaux ouvrent la voie à
une nouvelle stratégie, permettant d'accroître l'efficacité de ce type de
traitement.
La chimiothérapie, pivot de la plupart
des traitements du cancer
Très utilisés pour éliminer les cellules
cancéreuses, la chimiothérapie tue toutes les cellules qui se trouvent en cours
de multiplication ou bloque leur prolifération (c’est le cas par exemple des
cellules responsables de la pousse des cheveux ce qui explique leur perte chez
les patients traités). Au-delà de ces effets toxiques directs, les agents
chimio thérapeutiques pourraient aussi agir sur le système immunitaire et
permettraient à l’organisme de déclencher dans un second temps une réponse
immunitaire anti tumorale directe.
Mais cette hypothèse reste controversée, certaines
études suggérant qu’au contraire, la chimiothérapie supprime toutes les
défenses immunitaires.
Agir sur le système immunitaire pour améliorer
l’efficacité de la chimiothérapie
L’équipe Inserm du Professeur François Ghiringhelli
du centre de lutte Contre le Cancer Georges François Leclerc à Dijon a constaté
que deux agents chimiothérapeutiques le 5-fluorouracile et la gemcitabine
utilisés dans le traitement des cancers du côlon du sein et du pancréas sont
responsables d'un risque de développement de tumeurs chez la souris, du fait
d'une "perversion" de la réponse du système immunitaire. Dans le
détail, ces agents activent un complexe protéique, appelé "inflammasome NLRP3"
au sein de certaines cellules du système immunitaire. Cette activation conduit
à la libération par ces cellules de la cytokine proinflammatoire,
l’interleukine IL-1beta. En plus de perturber l’efficacité du système
immunitaire, cette cytokine induit la production d’une autre cytokine (la
cytokine IL-17) aux propriétés protumorales (elle favorise l’irrigation
vasculaire des tumeurs).
"Nos résultats ont permis d’identifier que
l’activation de l’inflammasome limite l’efficacité anti-tumorale de la
chimiothérapie. Tout l’enjeu était ensuite de voir si nous pouvions empêcher
l’activation de l’inflammasome" explique François Ghiringhelli. Pour cela,
les chercheurs ont testé ces deux médicaments sur des souris déficientes pour
l’inflammasome NLRP3 ou pour la cytokine IL-17. Résultat : l’activité
antitumorale de la chimiothérapie était augmentée. Ils ont également traiter
des souris par un inhibiteur de l’IL-1beta. Là encore, cela a permis
d’augmenter l’efficacité de la chimiothérapie.
Un essai thérapeutique en préparation
chez l'homme
Pour augmenter l’efficacité de ces deux agents de
chimiothérapie, la stratégie logique serait donc de cibler la voie de
l’inflammasome et de l’IL-1beta, en vue de supprimer les réponses immunitaires
délétères tout en éliminant les cellules tumorales et d'améliorer ainsi
l'efficacité de la chimiothérapie. Un essai thérapeutique associant
5-fluorouracil et inhibiteur d’IL-1 beta est actuellement en préparation et
devrait voir le jour prochainement au centre lutte Contre le Cancer Georges
François Leclerc à Dijon.
Sources:
Nature Medicine décembre 2012.Communiqué de presse de l'Inserm - décembre 2012.
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