Certains médicaments, à l'instar du Mediator,
peuvent provoquer des disfonctionnement des valves cardiaques. Ces affections,
assez fréquentes, sont toutefois parfois difficile à relier à l'effet d'un
traitement.
Le Mediator, comme d'autres médicaments, peut être
responsable de l'atteinte de deux des valves qui se trouvent dans le cœur, la
valve aortique et la valve mitrale. On parle alors de valvulopathie
médicamenteuse. Les valves sont des petits clapets qui empêchent le sang de
repartir dans la mauvaise direction. Quand l'atteinte est mineure ou modérée
(grade 1 et 2), il n'y a pas de retentissement sur le cœur et le patient ne
présente aucun symptôme. Pour les atteintes plus importantes (grade 3 et 4),
les symptômes apparaissent généralement, en particulier l'essoufflement.
Mais il ne suffit pas d'avoir une atteinte d'une
valve cardiaque pour que le Mediator soit automatiquement en cause. «Je ne suis
pas surpris de voir autant de dossiers rejetés par les experts», commente le Dr
Pierre Aubry, cardiologue à Paris, car, précise-t-il: «les valvulopathies
mineures sont très fréquentes dans la population générale». Elles le sont
d'ailleurs d'autant plus que l'on avance en âge. Ainsi l'insuffisance mitrale
touche-t-elle spontanément 2 % de la population après 60 ans, 5 % après 70 ans
et 9 % après 75 ans. «C'est en observant les mouvements anormaux d'une valve
que l'on peut faire des hypothèses sur l'origine de l'atteinte», précise le Dr
Aubry. Mediator et autres causes.
En pratique, les cardiologues distinguent deux
choses: la lésion anatomique d'une valve, celle qui est visible à l'échographie
du cœur, d'une part, et sa conséquence, mesurable à l'échodoppler, la fuite du
sang à contre-courant lorsque le cœur se contracte, d'autre part. «Il faut
qu'il y ait à la fois une fuite et un aspect évocateur de valvulopathie
médicamenteuse», rappelle le Pr Christophe Tribouilloy, cardiologue au CHU
d'Amiens. «Les lésions anatomiques liées aux médicaments sont assez faciles à
reconnaître pour la valve mitrale. Elle est rigide, épaissie, rétractée»,
explique le Dr Yannick Jobic, cardiologue et responsable de l'échographie au
CHU de Brest.
Pertinence des expertises
Les choses sont toutefois plus délicates s'agissant
de la valve aortique, détaille le Dr Jobic: «On recherche un petit hiatus
triangulaire au centre des trois feuillets.» Dans ce cas, il est plus facile de
détecter la fuite, due à cette fermeture incomplète de la valve. Et comme une
fuite aortique est exceptionnelle avant 60 ans, même une petite fuite attire
l'attention, alors que ce n'était pas le cas pour une petite fuite de la valve
mitrale.
Le Pr Tribouilloy et le Dr Jobic ont revu chacun de
leur côté plusieurs centaines d'enregistrements échographiques pour classer les
lésions en quatre catégories: typique d'une valvulopathie médicamenteuse,
évocatrice, douteuse, non-évocatrice. Dans 95 % des cas, les deux cardiologues
tombaient d'accord sur le même diagnostic, ce qui donne un certain poids à la
pertinence des expertises. Le Pr Tribouilloy estime qu'aujourd'hui: «les
cardiologues savent reconnaître des lésions typiques de valvulopathie
médicamenteuse». Voilà pour les cas faciles. Même chose pour les cas non
évocateurs: «une petite fuite avec un aspect normal des valves», explique le Dr
Jobic. Restent les cas douteux. Là, le choix d'indemniser ou pas ne relève plus
de l'expertise médicale.
Source: LeFigaro
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