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samedi 15 septembre 2012

Surdité : la voie des cellules souches embryonnaires



L'implant cochléaire, cette prothèse de l'oreille interne qui pallie la cochlée déficiente, n'est plus l'horizon indépassable de la lutte contre la surdité profonde ou sévère. Des travaux récents venus d'horizons divers suggèrent que de nouvelles voies thérapeutiques pourraient voir le jour.


En juillet, une équipe américaine a ainsi montré, chez des souris rendues sourdes par génie génétique, qu'il était possible de restaurer l'audition en introduisant dans certaines cellules de la cochlée une copie normale du gène. Celui-ci rétablit leur capacité à transmettre l'information codée à partir du message sonore. Décrite dans Neuron du 26 juillet, cette thérapie génique s'appuie sur des virus pour transférer le gène réparateur dans le noyau de la cellule atteinte. Il faudra encore bien des étapes pour passer de la souris à l'homme, mais la technique semble prometteuse.

C'est aussi le cas d'une tout autre approche, décrite jeudi 13 septembre dans la revue Nature et testée sur la gerbille, un petit rongeur très utilisé dans l'étude de l'audition. Une équipe de l'université de Sheffield a réussi à produire in vitro, à partir de cellules souches embryonnaires humaines, des cellules ayant les caractéristiques de deux types de populations de la cochlée : les unes sont des "précurseurs" des cellules sensorielles et les autres des neurones auditifs.

Mieux encore, les cellules du second type ont été implantées dans la cochlée de gerbilles dont les neurones auditifs avaient été endommagés par un traitement chimique. La greffe a pris ; les cellules neuronales ont poussé, rétablissant le contact rompu entre les celluels sensorielles qui transforment le signal acoustique en impulsions nerveuses, et des neurones centraux qui permettent d'acheminer ces signaux au cerveau. Alors que les souris non transplantées ne répondaient à aucune stimulation sonore, celles qui avaient reçu les progéniteurs neuronaux répondaient à une stimulation qui devait toutefois être assez intense.

"Approche pragmatique"

L'équipe prend soin de préciser qu'"aucune tumeur n'a été détectée sur les animaux transplantés". C'est en effet l'une des questions posées par les thérapies à base de lignées de cellules souches embryonnaires : la reprogrammation dont elles font l'objet pour les conduire à se différencier est-elle de nature à induire des proliférations cancéreuses ? Pour la spécialiste de l'audition Christine Petit (prefesseur au Collège de France, Inserm, Institut Pasteur, UPMC), "avant les essais cliniques, le développement de l'approche chez le singe semble incontournable".

Pour autant, elle salue la démonstration de l'équipe britannique et son "approche pragmatique". Elle note que toute approche thérapeutique nouvelle de la surdité profonde se mesure à l'aune de l'implant cochléaire qui, bien qu'imparfait, "a mis la barre très haut". Or la greffe issue de cellules souches embryonnaires est présentée comme un complément à l'implant : le nombre des neurones auditifs stimulables par les électrodes de celui-ci est réduit dans beaucoup de formes de surdité profonde ou sévère. En l'augmentant , on peut escompter une amélioration de son efficacité.

Source : Le monde.

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