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dimanche 30 septembre 2012

Les femmes ont des hommes en tête… littéralement



De l’ADN masculin serait présent dans le cerveau de nombreuses femmes. En voulant détecter la présence du chromosome Y propre aux garçons, les chercheurs ont montré qu’il s’agirait probablement de cellules fœtales de leur(s) fils qui auraient migré jusque dans la tête au moment de la grossesse et qui s’y seraient implantées. Probablement que le même phénomène s'est produit pour les filles qu’elles ont pu avoir. La bonne nouvelle, c’est que ces cellules pourraient protéger de la maladie d’Alzheimer…

Voilà un bel exemple de microchimérisme. Ce terme désigne ce que les scientifiques ont observé depuis maintenant plusieurs années : lors de la grossesse, la mère et le fœtus ne font pas que s’échanger des nutriments et des déchets, ils se transmettent aussi des cellules.


La majorité des femmes contiennent dans leur cerveau au moins un ADN qui n'est pas le leur. Comment l'expliquer si ce n'est par des cellules fœtales rémanentes et bien installées ? © Peter Artymiuk, Wellcome Images, Flickr, cc by nc nd 2.0



Ainsi, chez la souris comme chez la femme, on retrouve dans le sang mais aussi dans certains organes comme les os ou le cœur des cellules fœtales bien implantées, plusieurs décennies après la gestation. Ces tissus comportant deux ADN différents dans des régions localisées, le mot microchimérisme prend tout son sens.

Cet aspect a été étudié et se trouve être finalement une arme à double tranchant. Elle préserve en effet la santé de la mère en contribuant à la réparation des tissus lésés et en protégeant de certains cancers (comme le cancer du sein). En revanche, cette présence peut être associée à des maladies auto-immunes ou au développement de tumeurs, principalement au niveau du côlon.

Des cerveaux à l’ADN fœtal

Mais tous les organes sont-ils susceptibles d’accueillir ces cellules ? Chez les souris, on en a retrouvé dans le cerveau, elles ont donc franchi la barrière hématoencéphalique, protégeant le fragile encéphale d’envahisseurs toxiques. Chez la femme, cela n’avait jamais été démontré… avant que des scientifiques du Fred Hutchinson Cancer Research Center ne mettent ce phénomène en avant dans les colonnes du journal Plos One.

Leur objectif précis n’était d’ailleurs pas tout à fait celui-là. Ils souhaitaient établir un lien entre le nombre de grossesses et les risques de développer la maladie d’Alzheimer. À partir de l’autopsie du cerveau de 59 femmes décédées entre 32 et 101 ans, ils ont eu l’idée de vérifier la présence de cellules fœtales dans l'organe central du système nerveux et d’y voir un lien avec la neurodégénérescence.
En analysant le génome par un test au chromosome Y, l’étude révèle que 63 % de ces femmes possédaient dans leur cerveau de l’ADN masculin, très probablement celui de leur(s) fils transféré durant la grossesse. L’une d’elles avait même 94 ans, ce qui prouve la capacité de persistance de ces cellules. Problème : les auteurs n’ont aucune information sur le passé de leurs cobayes et ne savent pas si elles ont effectivement porté des enfants.

Le secret de la longévité des femmes ?

En parallèle, les investigations révèlent que 33 de ces femmes avaient développé la maladie d’Alzheimer et que les 26 autres ne présentaient aucun signe de démence. Or, c’est parmi ces dernières que les concentrations en ADN fœtal étaient les plus élevées. Faut-il y voir le signe d’un effet protecteur et préventif ?

La question se pose toujours. Les défaillances du protocole (petit échantillonnage s’expliquant par la difficulté de trouver des cerveaux humains pour la recherche, absence d’information sur le passé des sujets) ne permettent d’y répondre de manière ferme et définitive. L’idée est simplement suggérée mais devra être vérifiée.

La cardiologue Hina Chaudry, non impliquée dans cette étude, pense en effet que ces cellules fœtales empêchent ou au moins ralentissent le développement de la maladie, comme elle l’explique à Science Now. Elle a publié avec ses collègues l’an passé dans Circulation Research une étude révélant que ces cellules qui avaient migré dans le cœur se différenciaient en contribuant à la réparation des tissus cardiaques endommagés. Elle suppose qu’il en est de même au niveau du cerveau et qu’elles limitent les dégâts de la neurodégénérescence. Une idée qui n'est pas absurde puisque déjà observée chez les souris. Mais jamais encore chez l’Homme.

Tout cela n’est encore que spéculations. Il faudra reproduire l’étude avec un protocole plus adapté pour vérifier ces suppositions et sûrement tester plus de maladies pour vérifier leur implication à d’autres niveaux, comme l’émergence de tumeurs. Et si on tenait là l’une des raisons qui expliquent pourquoi les femmes vivent plus longtemps que les hommes ?

Source : Futura-sciences

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