Même un cerveau mort peut avoir de la mémoire. Des
scientifiques ont recréé des souvenirs artificiels dans du tissu cérébral de
rat, retenus pendant une dizaine de secondes. De belles perspectives en vue ?
La mémoire est un processus très complexe qui se
décline en de nombreuses facettes. Qu’elle soit à court ou à long terme,
consciente ou inconsciente, elle n’implique pas les mêmes processus. Ainsi, il
ne se passe pas la même chose dans le cerveau quand on le sollicite pour
pédaler sur un vélo une fois qu’on maîtrise la technique ou bien lorsqu’on veut
simplement retenir un numéro de téléphone le temps de le composer.
Dans une étude parue dans les colonnes de la revue
Nature Neuroscience, des chercheurs de la Case Western Reserve University
School of Medicine racontent comment ils sont parvenus à observer et créer
cette mémoire à court terme dans des cerveaux de rats morts. Incroyable mais
vrai !
La mémoire à court terme in vitro
Évidemment, réaliser cette expérience implique un
protocole complexe. Comme il est difficile de se focaliser sur les souvenirs au
niveau d’un seul neurone, les auteurs se sont penchés sur des réseaux de
cellules nerveuses, situés dans l’hippocampe, une région du cerveau connue pour
être l’un des principaux sièges de la mémoire.
Les auteurs ont prélevé des morceaux d'hippocampes
de rongeurs et y ont placé des électrodes stimulatrices dans certains neurones
très particuliers. L'excitation entraînait l'activation de tout un réseau de
cellules nerveuses durant 10 à 15 secondes, caractéristique de la mémoire à
court terme.
De précédents travaux, d'abord menés chez les
primates puis plus récemment sur des rats, ont montré que la réussite à des
tests de mémorisation dépendait de l'activation de ce réseau.
Physiologiquement, les scientifiques ont donc créé un souvenir transitoire à
travers des connexions déjà établies.
Redonner la mémoire aux patients atteints
d'Alzheimer ?
Ils sont même parvenus à caractériser les voies
d'entrée de la stimulation. Elles sont au nombre de quatre, et ils ont réussi,
au cas par cas, à voir par quelle porte l'information était passée.
Dans une seconde partie de l'expérience, le tissu
cérébral a été de nouveau stimulé en plusieurs endroits selon un ordre bien
précis. C'est alors que les scientifiques ont vérifié que la mémoire à court
terme encodait l'information en se fiant à cet ordre de stimulation plutôt
qu'au délai entre chacune d'elles.
L’objectif des chercheurs, à terme, est de mieux
comprendre tous les processus impliqués dans la rétention de l’information et
le fonctionnement de la mémoire. Ils espèrent que cela débouchera sur des
applications concrètes sur des maladies neurodégénératives comme la maladie
d’Alzheimer, durant laquelle les souvenirs sont mis à mal.
Source: Futura-sciences
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