mercredi 20 juin 2012

Travailler de nuit augmente de 30 % le risque de cancer du sein


Selon l'étude CECILE réalisée en France et qui a comparé le parcours professionnel de 1 200 femmes ayant développé un cancer du sein entre 2005 et 2008 à celui de 1 300 autres indemnes de cette maladie, il ne fait pas bon travailler la nuit quand on est une femme. Cette enquête, menée par des chercheurs de l'Inserm (U1018, "centre de recherche en épidémiologie et santé des populations") montre que le risque de cancer du sein est alors augmenté d'environ 30 %. Elle vient d'être publiée dans l'International Journal of Cancer.


Première cause de mortalité par cancer chez les femmes, le cancer du sein touche 1 femme sur 1 000 par an dans les pays développés. Chaque année, plus de 1,3 million de nouveaux cas sont diagnostiqués dont 53 000 en France. Les facteurs de risque de cette maladie sont variés : des mutations génétiques, un âge tardif à la première grossesse, peu d'enfants ou encore la prise de traitements hormonaux, mais les facteurs liés au style de vie, les causes environnementales ou professionnelles du cancer du sein ne sont pas complètement identifiés.

Horloge biologique perturbée

En 2010, sur la base de travaux expérimentaux et épidémiologiques, le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) a classé le travail entraînant des perturbations du rythme circadien (sur 24 heures) comme "probablement cancérigène". Ce rythme - qui contrôle l'alternance veille-sommeil - régule en effet de très nombreuses fonctions biologiques. Naturellement, il est altéré chez les personnes travaillant la nuit ou avec des horaires décalés. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer les associations observées entre le travail de nuit et le cancer du sein : l'exposition à la lumière durant la nuit qui supprime le pic nocturne de mélatonine et ses effets anticancérigènes, la perturbation du fonctionnement des gènes de l'horloge biologique qui contrôlent la prolifération cellulaire ou encore les troubles du sommeil pouvant affaiblir le système immunitaire.

Les chercheurs de l'Inserm ont donc examiné l'impact du travail de nuit sur la santé des femmes dans une grande étude de population effectuée en France entre 2005 et 2008. Le parcours professionnel (incluant chaque période d'activité nocturne) de 3 000 femmes a été passé à la loupe. Au total, plus de 11 % des femmes avaient travaillé de nuit à un moment quelconque de leur carrière. Chez elles, le risque de cancer du sein était augmenté d'environ 30 % par rapport aux autres et la hausse était particulièrement marquée chez celles ayant travaillé de nuit pendant plus de 4 ans ou celles dont le rythme de travail était de moins de 3 nuits par semaine, ce qui implique des décalages de phase fréquents.

Enfin, il semble que le fait de passer les nuits au boulot soit plus délétère avant la première grossesse, en raison d'une plus grande vulnérabilité des cellules mammaires incomplètement différenciées chez la femme avant le premier accouchement. "Nos travaux confortent les résultats d'études antérieures et posent le problème de la prise en compte du travail de nuit dans une optique de santé publique, d'autant que le nombre de femmes travaillant avec des horaires atypiques est en augmentation", souligne en conclusion Pascal Guénel, le principal auteur de cette étude.

Source: Le Point.

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