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samedi 17 mars 2012

Lien prouvé entre l'asthme et les antibiotiques.


Bien des choses peuvent causer l'asthme, maladie «moderne» s'il en est une. Mais depuis quelques années, les soupçons se faisaient de plus en plus lourds à l'endroit d'un nouveau «suspect» a priori étonnant: l'usage d'antibiotiques en bas âge. Et à la lumière d'une preuve scientifique formelle qu'une équipe canadienne vient de publier, les avocats de la défense vont avoir fort à faire...



Dirigée par Shannon L. Russel et Brett B. Finlay, de l'Université de Colombie-Britannique, l'étude est parue hier dans la revue savante European Molecular Biology Organization Reports. Au lieu de faire une étude épidémiologique - où l'on regarde l'incidence d'asthme dans des populations réelles, ce qui rend difficile de départager l'effet de nombreuses variables -, l'équipe britanno-colombienne a fait ses tests sur des souris en laboratoire, dans des conditions hautement contrôlées.

Dans un premier temps, différentes doses de deux antibiotiques (streptomycine et vancomycine) ont été mélangées à l'eau que buvaient deux groupes de souris - adultes, dans un cas, et venant de naître ou même avant, dans l'autre. Ces antibiotiques ont été choisis parce qu'ils sont mal absorbés par l'intestin, ce qui permettait aux chercheurs d'éviter que des effets secondaires des médicaments viennent embrouiller leurs résultats.

«Hypothèse de l'hygiène»

Or, si les antibiotiques n'ont causé aucun asthme chez les adultes, le portrait a été tout autre chez les nouveau-nés. Ceux qui étaient traités au vancomycine, en particulier, ont montré nettement plus de symptômes d'asthme (inflammation des poumons et de la trachée, entrée d'air plus difficile, présence accrue de certains anticorps, les IgE, associés aux allergies) que les autres. Le vancomycine s'est aussi avéré significativement plus destructeur pour la flore intestinale des souris.

Bref, un argument de plus en faveur de l'«hypothèse de l'hygiène», selon laquelle une cause importante (mais pas la seule, notons-le) de l'épidémie d'asthme et d'allergie qui sévit dans les sociétés occidentales serait une «trop grande propreté», en quelque sorte. L'idée derrière cette théorie est que nous vivons dans un monde littéralement dominé par les bactéries, et que le corps humain, en particulier son système immunitaire, a évolué pour composer avec elles. Cela implique, bien sûr, de les combattre à l'occasion, mais aussi (ce qui est moins intuitif) d'apprendre à tolérer les bonnes bactéries quand elles se trouvent aux bons endroits, et à ne pas réagir inutilement fort à celles qui ne sont pas pathogènes. Or, dans un monde aseptisé comme le nôtre, les enfants sont moins exposés aux microbes, leur système immunitaire a moins d'occasions d'apprendre tout cela, et ils développent plus souvent des maladies comme l'asthme.

«Il y avait des études épidémiologiques qui avaient trouvé un lien statistique entre l'asthme et l'usage d'antibiotiques en bas âge, mais ce lien n'avait pas encore été prouvé en laboratoire», commentait hier le Dr Marc Ouellette, chercheur en infectiologie de l'Université Laval.

«On sait depuis longtemps que notre corps abrite plein de bactéries, qui sont 10 fois plus nombreuses que nos cellules, poursuit-il. Et ce qu'on est en train de réaliser depuis une dizaine d'années, c'est que ces bactéries remplissent toutes sortes de rôles dans le corps humain. [...] On a trouvé des associations avec l'asthme, mais aussi avec l'obésité, le diabète, etc.»
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Source : cyber presse.

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