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vendredi 2 mars 2012

Les médicaments génériques ne sont pas des copies conformes.


Les génériques ne sont pas des copies conformes des médicaments d’origine, et cela peut, dans certains cas, nuire à leur efficacité sur les patients. C’est une véritable petite bombe que l’Académie de médecine vient de lancer en publiant un rapport remettant en cause ces médicaments moins chers que les produits de référence, dont l’utilisation est pourtant, depuis 1999, fortement encouragée par les caisses d’assurance maladie.


En l’espace de quelques mois, c’est la deuxième remise en cause des génériques. En septembre déjà, l’étude d’un médecin français, le professeur Rémy Gauzit, dévoilée dans nos colonnes, avait déjà émis de sérieux doutes concernant les antibiotiques génériques injectables utilisés au sein des hôpitaux.

Sont-ils totalement identiques aux originaux?

Un générique contient obligatoirement la même molécule active que le princeps, c’est à direle produit de référence. Mais il peut être fabriqué avec des excipients différents (ce qui donne le goût, la couleur et la consistance au médicament) et présenté sous diverses formes (gélules, sirop, etc.).

« Or, les excipients ne sont pas neutres, décrypte le professeur Charles-Joël Menkès, membre de l’Académie de médecine, auteur du rapport. Certains peuvent être allergisants, comme l’arachide. De même, le goût d’un produit, tout comme le conditionnement, peuvent avoir une influence sur la bonne observance d’un traitement, notamment chez les enfants et les personnes âgées. » Par ailleurs, si un générique doit prouver sa bioéquivalence — le fait qu’une fois dans l’organisme il réagisse de la même manière en ce qui concerne son absorption, son élimination, etc. —, cela ne garantit pas une équivalence thérapeutique et une efficacité similaires entre les deux produits.

Sont-ils tous remis en cause?

« Seule nous inquiète la substitution des médicaments que l’on appelle à marge étroite, pour lesquels toute variation de concentration, même légère — parce que le produit est mal pris ou conditionné différemment — peut compromettre le traitement et entraîner des effets indésirables », souligne l’académicien. C’est le cas, indique le rapport, des antiépileptiques, des anticoagulants, des hypoglycémiants, de la thyroxine, ainsi que de certains antibiotiques et médicaments à visée cardiologique. « Dans la plupart des cas, insiste le spécialiste, les génériques ne posent aucun problème. »

Peut-on les refuser?

C’est votre médecin qui décide si votre médicament est non substituable (lorsqu’il inscrit les lettre NS sur votre ordonnance). Toutefois, si vous ressentez des effets secondaires inhabituels après la prise d’un générique, n’hésitez pas à lui en parler.

« C’est grâce à ces retours que les médecins ont décidé de ne plus substituer la thyroxine (Lévothyrox). Pourtant, il n’existe aucune étude sur ce sujet », souligne le professeur Menkès. De même, si vous utilisez régulièrement un générique, il est préférable, notent les sages, de ne pas en changer.

Accusés par les pharmaciens et fabricants de génériques d’abuser du NS, les médecins craignent que le gouvernement ne leur limite bientôt ce pouvoir. « La tâche du médecin est de soigner ses malades et non pas de faire des économies, conclut le professeur Menkès. Il doit continuer à garder la liberté de choisir des produits non substituables. »

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